Un petit écart de 0,9% des voix a fait du Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen le premier parti de France à l’issue des élections européennes d’hier dimanche marquées par une poussée des écologistes et une petite progression de l’extrême droite.
Deux ans après l’élection présidentielle où elle a été laminée en raison de face-à-face désastreux avec Emmanuel Macron, Marine Le Pen a réalisé une victoire au goût de revanche. « Le RN est devenu le premier parti de France mais surtout le mouvement de la future alternance », a jubilé Marine Le Pen qui a demandé la dissolution de l’Assemblée nationale, revendication aussitôt rejetée par le chef de l’Etat. Une deuxième place « n’est pas une victoire », a admis le Premier ministre Edouard Philippe qui a échappé à une défaite humiliante. Même les éditorialistes étaient divisés ce lundi matin sur l’analyse du résultat.
Même si l’écart est ténu, le score réalisé par Nathalie Loiseau qui a conduit la liste de la République En Marche est un revers pour le président de la République. En s’impliquant personnellement dans la campagne avec le choix d’instaurer une confrontation directe avec la dirigeante de l’extrême droite, l’échec lui est largement imputable. Sur l’affiche de la campagne, Emmanuel Macron s’est mis en scène tout seul, sans aucun autre candidat, démonstration de la personnalisation de l’élection. Sur les 79 sièges réservés à la France, la RN et LaREM en occuperont 23 chacun.
Le scrutin qui a mobilisé 51% des électeurs, une progression de 9 points par rapport à 2014, a été aussi marqué par une percée inattendue des Verts, un effondrement de la Droite et un émiettement confirmé de la gauche. Le score de la France Insoumise a confirmé la perte d’influence de Jean-Luc Mélenchon. La parole du redoutable orateur a perdu la magie qui a si bien opéré à la présidentielle de 2017. Troisième lors de ce scrutin, il est relégué à la 5e place avec 6,3 des voix pour sa candidate Manon Aubry.
A eux deux, les partis de Macron et Le Pen ont obtenu 45% des voix, soit le même nombre de voix qu’au premier tour de la présidentielle de 2017. Mais la fragmentation des oppositions de droite et de gauche les installe dans un duel progressistes/nationalistes qui va marquer la suite du quinquennat jusqu’en 2022, date d’un match retour qui fait rêver Macron. En mettant en œuvre une machine à créer le vide à droite et à gauche, il espère bien retrouver la dirigeante extrémiste qu’il battra encore grâce aux voix de tous les Républicains obligés, escompte-t-il, de le soutenir une fois de plus.
Sur l’ensemble du continent, les nationalistes et les eurosceptiques ont progressé surtout en Italie où Mattéo Salvini a raflé le tiers des voix mais ils sont loin d’atteindre la majorité au parlement. En additionnant les voix de tous les courants, une alliance populiste rassemblerait 172 sièges. La majorité est à 376. Les Verts qui ont réalisé une remarquable progression en Allemagne vont peser dans le jeu des alliances.