CONTRIBUTION. Tous mes remerciements vont en premier lieu à ceux qui m’ont fait l’honneur de me remercier pour « l’éclairage historique [Fragments d’histoire…] qui vient à point nommé ». Ensuite à ceux qui, s’apercevant que je n’étais pas connecté, m’ont alerté téléphoniquement de la réaction des petits-enfants de Messali Hadj.
Que les petits-enfants de Messali Hadj défendent leur grand-père, cela les honore. Par leur subjectivisme, par leur argumentaire long et ennuyeux au possible et enfin par la haine qui sous tend leur réponse à mon papier « Fragments d’histoire…», ils n’ont malheureusement pas servi la cause dont ils se veulent les (seuls) dépositaires.
La partie supposée historique, consacrée à celui qui a été incontestablement le Père fondateur du nationalisme algérien, aurait été plus crédible si ses petits-enfants avaient eu l’intelligence d’éviter de tomber dans leur propre piège : celui de l’insulte, des mensonges, de l’invective. S’ils avaient été plus concis, s’ils avaient un tant soit peu construit méthodologiquement leur argumentaire historique, quoi que… S’ils avaient pris du recul, de la hauteur. En un mot leur réponse manque de panache. Elle est dans sa construction, l’exemple même que tout étudiant doit éviter : la précipitation.
L’histoire avec un grand « H » est un TOUT INDIVISIBLE. Elle est de surcroît le marqueur indélébile des moments fondateurs d’une nation. Elle n’obéit pas aux caprices du prince, encore moins à celui des petits-enfants d’un homme comme Messali Hadj. Comme un phénix, elle renait de ses cendres pour se dire et rappeler à l’ordre ceux qui l’ont travestie. Sur cette question, je laisse les petits-enfants de Messali Hadj à « leur propre» histoire.
Croyant m’atteindre dans ma dignité, les petits-enfants de Messali Hadj ont versé dans l’immoralité. Par respect à la Révolution du 22 février qui a pour objectif de parachever dans les faits notre indépendance politique, par respect également aux lecteurs de TSA et aux nombreux autres lecteurs, je me dois d’apporter en quatre points les éclairages suivants.
1- C’est un honneur pour moi d’avoir fréquenté la Médersa Islahiste de Sebdou quelques mois avant sa fermeture par l’administration coloniale. Pour qui veut connaître les idées politiques du Cheikh Ibn Badis, je leur suggère de se reporter au maître ouvrage du Professeur Ali Merad. Quant à mon humble personne, j’ai soutenu en 1989, une thèse d’histoire sur les Uléma en Oranie qui a donné lieu – à cause de son approche critique qui sortait des sentiers battus – à un compte rendu élogieux signé Gilbert Meynier paru dans la revue Parcours.
2- Oui je suis « comptable devant l’Histoire et le peuple algérien » des conférences d’histoire que j’ai dispensées à mes étudiants. Jeune assistant à l’université d’Oran Es-Sénia, à un moment où le nom de Messali Hadj était banni par le FLN, ce Parti-Etat qui faisait régner la terreur, j’ai eu l’honneur d’inviter à mon cours d’histoire en 1974, Si Mohammed Guenanèche, un messaliste pur et dur. En 1976, en ma qualité de chef de Département d’histoire, j’ai organisé avec d’autres collègues dont le défunt Abdelkader Djeghloul une journée d’études sur les massacres du 8 mai 1945. Conscients de notre mission, nous ne pouvions et ne voulions surtout pas, faire d’impasses sur des moments clefs de notre histoire nationale, surtout pas les sacrifices de Messali Hadj à un moment charnière d’une Algérie en révolte.
3- Je suis tout à fait d’accord avec les petits-enfants de Messali Hadj quand ils écrivent que « l’Histoire est en réalité complexe, plurielle, non linéaire et dont la continuité se caractérise par des ruptures ». N’est-ce pas précisément de « rupture » qu’il s’agit dans le cas qu’ils défendent ? Ce n’est pas diffamatoire de le reconnaître, bien au contraire. La sérénité est dans l’objectivité. Elle nous permet de vivre harmonieusement notre présent assumé dignement sans honte aucune. Personne n’est infaillible. Les crises, les putschs qui ont émaillé le cours de la Révolution, puis au lendemain de la restauration de l’Etat Algérien souverain, qui secouent à ce jour l’Algérie trouvent leur explication, pour partie, dans la mythification, la manipulation et falsification à des fins personnelles ou partisanes de l’histoire du pays. Que de gâchis. Que de temps perdu.
4- Je revendique haut et fort l’honneur d’avoir servi avec conviction et engagement ma patrie en ma qualité de membre du Conseil de la Nation (sénateur) parmi le Tiers présidentiel. C’était la dure mais aussi la belle époque avec un Président de la République, Lamine Zéroual, pour ne pas le nommer, qui respectait l’institution parlementaire et un Président du Conseil de la Nation (sénat) Bachir Boumaza qui a donné à l’institution son aura. Il fallait une dose de folie pour dénoncer les termes de la Concorde civile dans une pareille enceinte et bien d’autres questions ayant trait à la politique gouvernementale de l’époque. Je renvoie qui veut en savoir plus sur mon passage au sénat au J.O. du Conseil de la Nation des années 1999-2001, année qui a vu la fin de ma mandature.
5- J’aurai pu faire carrière dans la politique si je l’avais voulu. Sauf que le moule dominant était antinomique avec mes convictions et mon engagement. Je m’honore de n’être à ce jour d’aucun parti politique. Ni FLN, ni RND, ni autre. Il suffisait à l’époque pour un sénateur indépendant, non partisan, d’insinuer à l’un ou à l’autre Chef des Groupes Parlementaires de l’un des deux partis cités, qu’il souhaitait rejoindre le parti, pour qu’aussitôt il obtienne sa carte sans même se déplacer au siège de celui-ci avec en sus un effet rétroactif sous forme de bonus de quelques années d’ancienneté fictives. Ceux pour qui je suis l’un « des derniers thuriféraires du régime du parti unique » étaient tout simplement à court d’arguments. Ils n’avaient rien d’autres sous la dent. Comment peut-on être au FLN et signer une pétition contre le 4e mandat de Bouteflika, oui le 4e mandat ? Avant de se lancer tête baissée dans l’invective, le mensonge et l’insulte ils auraient mieux fait de se documenter en consultant au moins la presse qui me publie régulièrement!
6- Enfin, j’ai été très surpris d’apprendre que « le portrait ainsi que des extraits discours [de Messali Hadj] ont été brandis spontanément par centaine d’Est en Ouest du pays ». Sans mettre en doute cette information (sic) car je n’ai pas le don d’ubiquité, parmi les nombreux portraits affichés ou brandis à Alger, je suis désolé, celui de Messali Hadj était invisible. Par contre ceux des chefs historiques de la Révolution, des deux présidents du GPRA et président Lamine Zeroula, oui. Ils étaient soit affichés à la rue Didouche, soit brandis par les jeunes. Sur une affiche 21×27 en monochrome figuraient, n’en déplaise à certains, Cheikh Ibn Badis et Larbi Ben M’Hidi. Je n’omets pas le portrait du président Macron qui a failli par la caricature et le sens humoristique des jeunes, nous faire oublier ceux des acteurs de la Révolution inachevée de novembre 1954.
Gloire aux Martyrs de la Révolution et à ceux de la Liberté. Vive l’Algérie !
PS. « C’est mon dernier mot », pour reprendre une géniale caricature du « V5 ».