Emprisonné depuis septembre, le militant du hirak Samir Benlarbi est enfin libre. Il a été relaxé ce dimanche 3 février par le tribunal de Bir Mourad Raïs. Beaucoup d’autres militants et manifestants sont toujours détenus, mais l’espoir est maintenant permis de les voir tous recouvrer leur liberté et, surtout, innocentés comme vient de l’être Benlarbi.
Ce n’est pas la première fois qu’un militant est remis en liberté. Depuis le début de l’année, des dizaines de détenus, dont près de 80 d’un seul trait le 2 janvier, ont quitté la prison, mais beaucoup d’entre eux ont été condamnés et purgé leur peine.
La relaxe de l’un des plus célèbres détenus du hirak, qui survient de surcroît au lendemain d’un jugement similaire prononcé par le tribunal d’Annaba en faveur du journaliste Mustapha Bendjama, permet au moins d’espérer que l’apaisement longtemps réclamé n’est peut-être pas loin.
Certes, les militants et activistes du hirak sont échaudés par ce qui s’est passé avec Karim Tabbou en septembre, libéré sur une décision du juge d’instruction puis remis en prison le lendemain, mais un tel scénario est improbable au vu de l’évolution de la situation depuis le début de l’année.
Il y a en effet un léger mieux par rapport à la seconde moitié de l’année dernière, avec moins d’arrestations lors des marches hebdomadaires, donc de présentations devant la justice et de condamnations. Il y a également moins de placements en détention provisoire.
Les activistes et manifestants jugés, quand ils ne sont pas relaxés, sont condamnés à des peines qui couvrent leur détention provisoire et retrouvent presque systématiquement leur liberté.
La nouveauté depuis quelques jours, ce sont les relaxes prononcées par la justice. Pour Mustapha Bendjama dimanche et Samir Benlarbi ce lundi, c’est la relaxe pure et simple. Innocenter un prévenu, c’est reconnaître qu’il a été injustement emprisonné.
A sa sortie de la prison d’El Harrach, Benlarbi n’a pas manqué de le souligner, saluant le juge qui lui a rendu sa liberté. « Dieu merci, aujourd’hui, le juge a été à la hauteur du hirak et de la justice en prononçant notre relaxe, parce que nous avons été arrêtés sur des injonctions », a-t-il déclaré devant des dizaines de citoyens, venus l’accueillir.
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Les décisions rendues depuis quelques semaines par les juridictions semblent s’inscrire dans une tendance globale à l’apaisement, réclamé par de nombreuses personnalités qui ont rencontré le président Tebboune dans le cadre du dialogue comme Abdelaziz Rahabi, pour sortir de l’impasse politique qui bloque le pays.
Car il n’échappe à personne que le scrutin du 12 décembre, qui a certes permis de doter le pays d’un président, n’a pas mis fin à la crise politique, avec un hirak qui campe sur ses positions et surtout, qui ne faiblit pas, comme on l’a constaté lors des marches du 50e vendredi.
Un mois et demi après l’élection du président Tebboune, le pouvoir peine à lancer la moindre dynamique politique acceptée de tous.
Même les personnalités qui ont accepté de rencontrer le président dans le cadre des consultations qu’il a lancées ont souligné qu’aucune initiative n’a de chances d’aboutir sans un apaisement général du climat politique, à commencer par la remise en liberté des détenus d’opinion.
Le refus des autorités de la transition de décréter les mesures d’apaisement réclamées avait dissuadé une partie de la classe politique et le hirak de prendre part aux initiatives lancées depuis l’été, y compris à la présidentielle qui s’est soldée par un taux d’abstention jamais enregistré.
La libération de Samir Benlarbi peut être considérée comme un grand pas vers l’apaisement, même si l’ambivalence constatée depuis le début de l’année dans la gestion du hirak et de la crise politique appelle à la prudence. D’autant que d’autres détenus aussi célèbres comme Karim Tabbou et Abdelouahab Fersaoui ou encore le journaliste Sofiane Merakchi croupissent toujours en prison.