Comme chaque année, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai, Reporters sans frontières (RSF) a établi son classement mondial de la liberté de la presse par pays, qui en est cette année 2023 à sa 21e édition.
Le constat qui ressort du classement est inquiétant : les conditions d’exercice du métier de journaliste ne sont « satisfaisantes » que dans trois pays sur dix.
L’Algérie qui fait mieux que le Maroc, mais moins bien que la Tunisie, est classée dans la catégorie de pays où la situation de la liberté de la presse est jugée « difficile ».
Les 180 pays et territoires concernés par le classement sont classés en quatre catégories en fonction de l’évaluation faite de la situation de la liberté de la presse : « très grave », « difficile », « problématique », « bonne » et « plutôt bonne ».
Seuls 52 pays émargent dans ces deux dernières catégories, essentiellement des pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Dans les mauvaises catégories, on retrouve 55 pays (problématique), 42 pays (difficile) et 31 (très grave).
Le rapport de RSF fait état d’une « instabilité », d’une « volatilité » et de « changements inédits » qui s’expliquent, selon le secrétaire général de l’ONG, Christophe Deloire, par « l’agressivité accrue du pouvoir dans de nombreux pays et d’une animosité croissante envers les journalistes » et « la croissance de l’industrie du simulacre, qui façonne et distribue la désinformation ».
Le rapport souligne aussi les bouleversements induits par le développement « spectaculaire » de l’intelligence artificielle. Évoquant « la logique arbitraire et censitaire » du patron de Twitter, Elon Musk, Deloire estime que ces agissements ont démontré que « les plates-formes sont des sables mouvants pour les journalistes ».
Rapport RSF 2023 : le classement de l’Algérie
Le droit à l’information est mis « en péril » par la désinformation, lit-on dans le rapport qui souligne que dans 118 pays, soit deux pays sur trois, les personnes interrogées ont fait état de l’implication des acteurs politiques dans des campagnes de désinformation massive ou de propagande, affaiblissant « le journalisme de qualité ».
S’agissant des pays où la liberté de la presse se porte bien, la Norvège est toujours en tête du classement, pour la septième année consécutive, suivie de l’Irlande et du Danemark. Le reste du top 10 est complété par la Suède, la Finlande, les Pays-Bas, la Lituanie, l’Estonie, le Portugal et le Timor oriental. Le premier pays africain du classement, c’est la Namibie, qui arrive à la 22e place, soit mieux que la France (24e), le Royaume-Uni (26e) ou encore les États-Unis (45e). À noter aussi le bon classement du Cap-Vert et des Seychelles (33e et 34e respectivement).
La Mauritanie est le pays arabe le mieux classé (86e), si l’on excepte les Comores (75e), suivie du Qatar 105e et du Liban 119e.
L’Algérie arrive à la 136e place, soit dans la catégorie de pays où la situation de la liberté de la presse est considérée comme difficile. Par rapport aux autres pays du Maghreb, l’Algérie est devancée par la Tunisie (121e), mais se classe devant le Maroc (144e).
À cause de la politique du président Kaïs Saïed, « de plus en plus autoritaire et intolérante envers les critiques de la presse », la Tunisie perd 27 places par rapport au classement précédent.
L’Algérie pour sa part perd deux places et reste dans la catégorie des pays où la situation de la presse est considérée comme « difficile ». Le rapport cite notamment le cas du journaliste et directeur de Radio M, Ihsane El Kadi, en détention depuis fin décembre dernier.
Dans les profondeurs du classement, on retrouve le Viêt Nam, la Chine et la Corée du Nord, derniers, mais aussi la Syrie, le Turkménistan et l’Iran.