Des missiles de fabrication américaine appartenant à l’armée française ont été retrouvés à la fin du mois de juin à Gharian en Libye, dans une base abandonnée de combattants fidèles au maréchal Haftar, chef des forces antigouvernementales dans le pays en proie au chaos, rapporte ce mardi le journal américain New York Times.
Il s’agit de quatre missiles antichar de type Javelin d’une valeur de 170 000 dollars pièce, saisis à la fin du mois dernier par les forces fidèles au gouvernement de Tripoli présidé par Fayez al-Sarraj et reconnu par l’Onu.
L’information a été confirmée par le ministère français des Armées, qui a reconnu que les missiles « appartiennent effectivement aux armées françaises, qui les avaient achetés aux Etats-Unis. Nous l’avons confirmé à nos partenaires américains », a indiqué le ministère, cité par le journal français Le Monde.
La France a cependant réfuté avoir enfreint l’embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 2011 et la chute du président déchu Mouammar Kadhafi. Ces armes auraient été destinées à « l’autoprotection d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière de contre-terrorisme », a affirmé le ministère des Armées, ajoutant qu’elles seraient « endommagées et hors d’usage » et auraient été « temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur destruction ».
« Il n’a jamais été question ni de vendre, ni de céder, ni de prêter ou de transférer ces munitions à quiconque en Libye », a soutenu le ministère français, cité par Le Monde. La même source rappelle que la proximité de la France avec le maréchal Haftar est connue, et s’est notamment manifestée par l’aide apportée par la France à Haftar lors de la prise de Benghazi, son fief actuel.
Des interrogations demeurent quant à la version des faits fournie par le gouvernement français. « Les forces spéciales françaises déployées en Libye ont été largement déployées à l’est du pays, loin de Tripoli où les combats se sont concentrés », rappelle cependant le New York Times. Or, les missiles Javelin ont été découverts à Gherian, à 65 kilomètres de Tripoli, indique le journal américain. Gherian a notamment été le QG de la campagne militaire de Haftar pour prendre contrôle de Tripoli.