Politique

Libye : Haftar perd six villes, des dizaines de roquettes sur Tripoli

La situation s’est détériorée lundi et mardi en Libye où les forces du maréchal Khalifa Haftar ont fait tomber une pluie de roquettes sur la capitale Tripoli, visiblement pour se venger de la perte de villes stratégiques au profit des forces loyales au gouvernement d’union nationale (GNA).

Les explosions de roquettes se sont multipliées dans la capitale libyenne notamment dans le périmètre de l’aéroport de Mitiga, dans la banlieue-est, où des maisons ont été endommagées. Aucun autre bilan n’a été rendu public ce mardi.

« Les milices criminelles et les mercenaires (du maréchal Haftar) ont déversé leur colère sur les quartiers de Tripoli pour venger leur défaite, tirant des dizaines de missiles et de roquettes sur la capitale sans discrimination », a indiqué Mohamad Gnounou, porte-parole des pro-GNA, cité par plusieurs médias.

Les forces loyales au GNA se sont emparées lundi de six villes situées sur la côte ouest entre la capitale libyenne et la frontière tunisienne. Elles étaient aux mains des forces rivales fidèles au maréchal Khalifa Haftar.

Les forces de ce dernier, qui mènent depuis un an une offensive pour le contrôle de Tripoli, ont été obligées de se retirer sous les frappes nourries et précises des drones turcs sur leurs positions surtout dans les deux villes stratégiques de Sabratha et de Sorman.

La première était passée sous contrôle de Khalifa Haftar en 2017, la seconde en 2019. Mais les militaires de l’Est affirment que « le combat n’est pas terminé » et promettent de reprendre ces villes rapidement.

Lundi soir, le commandant des forces pro-GNA dans la région occidentale, Oussama al-Jwili, a déclaré que la conquête des deux villes avait été décidée après avoir reçu des informations sur l’intention du maréchal Haftar d’avancer plus à l’ouest pour prendre la ville de Zouara puis le poste frontalier de Ras Jedir.

L’aéroport de Tripoli visé

Les forces de l’ANL se sont réfugiées sur la base d’al-Watiya, la seule que possède le maréchal Haftar à l’ouest du pays. À plusieurs reprises l’aviation pro-Haftar a repoussé les avancées des forces du GNA vers cette base.

À Tripoli, les combats se sont intensifiés et des dizaines de roquettes sont tombées. Les explosions ont continué à résonner toute la nuit et mardi matin, selon des journalistes de l’AFP sur place.

L’aéroport Mitiga a été visé. Un drone a été abattu et l’ANL annonce avoir tué plusieurs mercenaires syriens et en avoir capturé une dizaine. Des bombes se sont abattues sur des quartiers résidentiels.

La capitale connaît depuis plusieurs jours une coupure d’eau et d’électricité imposée par les forces de Khalifa Haftar.

Cette énième escalade de la violence intervient dans un contexte d’aggravation de la situation humanitaire au moment où le pays doit lutter contre la pandémie du nouveau coronavirus. Jusqu’à présent, 25 cas de contamination, dont un décès ont été confirmés à travers le pays, selon les statistiques du Centre de lutte contre la maladie, basé à Tripoli.

Sur le plan diplomatique, le journal français le Monde a appris mardi auprès de sources « au siège de l’ONU » que ce sont bien les États-Unis qui ont mis leur véto à la nomination de Ramtane Lamamra au poste de chef de la Mission des Nations unies pour la Libye (Manul). Comme nous l’avions rapporté jeudi 9 avril.

« Fin connaisseur des arcanes des affaires internationales, M. Lamamra – ex-ministre algérien des Affaires étrangères (2013-2017) et ancien ambassadeur d’Ager auprès des Nations unies (1993-1996) et à Washington (1996-1999) – présentait un profil idoine pour prendre en charge la médiation onusienne sur la Libye. De fait, quatorze des quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU semblaient favorables à sa désignation jusqu’à ce que les Américains finissent par bloquer », écrit le monde. « Guterres (SG de l’ONU) a présenté le choix de Lamamra comme un fait accompli et cela a irrité », explique le journal, citant la même source.

Les Émirats arabes unis, l’Égypte et le Maroc sont derrière la décision de Washington de rejeter la candidature de l’ex-chef de la diplomatie algérienne.

“La candidature de Lamamra a été présentée par le SG de l’ONU. Ce n’est pas sa demande, ni celle de l’Algérie”, assure un proche de l’ancien ministre des Affaires étrangères.

“Les Américains ne sont pas très impliqués dans le dossier libyen, mais leurs alliés à savoir l’Égypte et les Émirats arabes unis, et à un degré moindre le Maroc, y sont très impliqués. Ils veulent imposer leur candidat qui est Samir Habachna ancien ministre jordanien des Affaires étrangères”, ajoute-t-il, en estimant toutefois que le futur chef de la Manul doit être de la région du Maghreb. “C’est un problème libyen qui doit être réglé par les libyens et les voisins de la Libye sont très concernés, pas les Émiratis”, estime-t-il.

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