Près de 30 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres ont été blessées ce samedi suite à un raid aérien ayant visé une école militaire à Tripoli, capitale de la Libye sous le contrôle du gouvernement d’union nationale (GNA).
« Un raid aérien contre l’école militaire de Tripoli a tué 28 cadets et blessé des dizaines d’autres », a indiqué porte-parole du ministère de la santé du GNA cité par Le Monde, qui précise que l’école militaire touchée se trouve à Al-Hadba Al-Khadra, un quartier résidentiel de la capitale.
Les forces du GNA ont immédiatement accusé les forces du maréchal Haftar d’avoir mené cette frappe, publiant sur les réseaux sociaux des photos des blessés et des victimes. Les forces fidèles à Haftar, nommées l’armée nationale libyenne, n’ont cependant pas revendiqué pour l’heure l’attaque.
Le raid aérien intervient dans un contexte de regain de tensions entre les forces du gouvernement d’union nationale, reconnu par la communauté internationale, et les forces du maréchal Haftar, qui tente depuis le mois d’avril dernier de prendre le contrôle de la capitale Tripoli.
Alors que les forces gouvernementales avaient jusque-là réussi à contrer les offensives des troupes de Haftar, la donne a récemment changé suite aux soutiens dont a bénéficié Haftar de la part de pays étrangers, à l’image de la Russie, les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Jordanie ou encore des mercenaires provenant du Soudan.
Cette nouvelle donne a poussé le GNA à faire officiellement appel à la Turquie afin de solliciter soutien militaire et envoi de troupes sur le sol libyen, en échange d’un accord commercial permettant à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures ainsi que 25 milliards de dollars de contrats potentiels notamment dans le domaine de l’armement.
Après que le parlement turc ait autorisé jeudi le président Erdogan à envoyer des troupes en Libye en soutien au GNA, le parlement libyen basé à l’est du pays allié à Haftar (et ne reconnaissant pas la légitimité du GNA) a voté ce samedi à l’unanimité la rupture des relations avec la Turquie ainsi que l’annulation des mémorandums de sécurité et de coopération militaire » entre le GNA présidé par Fayez Sarraj et la Turquie. Le parlement a également voté à l’unanimité pour le lancement de poursuites à l’encontre de Sarraj pour « haute trahison » à cause desdits accords.
L’Arabie saoudite a par ailleurs condamné ce dimanche la décision du Parlement turc de déployer des militaires en Libye. « L’Arabie saoudite exprime son rejet et sa condamnation » de la décision turque, a indiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué cité par l’agence de presse saoudienne.
La diplomatie saoudienne estime en outre que cette décision constitue une « escalade (…) et une menace pour la sécurité et la stabilité en Libye et dans la région » ainsi que d’une « ingérence dans les affaires intérieures d’un pays arabe en violation » du droit international. L’Arabie saoudite est pour rappel impliquée militairement depuis 2015 dans la guerre civile au Yémen ayant fait plus de 100 000 morts, dont 12 000 tués dans des frappes de la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite. Ce bilan de l’ONG spécialisée Acled n’inclut par ailleurs pas les victimes de la crise humanitaire dévastatrice ayant touché le Yémen ces dernières années.