L’homme fort de l’est de la Libye, le maréchal Khalifa Haftar, est visé par une plainte en France pour « actes de torture et de barbarie », déposée fin avril par un Libyen dont la famille a été décimée lors du siège de Benghazi, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
Ali Hamza, un citoyen libyen et canadien résidant au Canada, a déposé cette plainte le 26 avril auprès du parquet de Paris, profitant d’une possibilité juridique ouverte par le passage du chef de guerre sur le sol français, selon l’avocate Rachel Lindon.
Le même jour, le maréchal Haftar, chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), est rentré à Benghazi après une hospitalisation d’au moins deux semaines à Paris.
Ali Hamza, 52 ans, réclame à la France d’enquêter sur les exactions qu’auraient commises les forces de l’ANL en 2016 et jusqu’en mars 2017 pendant le siège de Benghazi, où ont été tués sa mère et quatre de ses frères et sœurs.
L’été dernier, le maréchal Haftar avait repris la ville aux mains des jihadistes après trois ans de combats meurtriers.
« Il ne faut plus permettre à ces individus de faire du tourisme médical pour repartir torturer sur place alors qu’ils peuvent être jugés ici », a commenté Me Lindon auprès de l’AFP.
Dans une déclaration jointe à sa plainte, Ali Hamza rapporte les témoignages de ses proches et accuse le maréchal d’avoir lancé dès février 2016 une campagne qui « impliquait des bombardements aveugles, des meurtres et des enlèvements » contre les quartiers résidentiels d’Al-Laitti et Bu-Atni, puis, à partir de juillet, contre celui de Ganfouda, où de nombreux civils s’étaient réfugiés.
« Le 18 mars 2017, après plusieurs tentatives pour sortir de Ganfouda repoussées par l’artillerie d’Haftar, et sous le couvert de la nuit, environ douze des familles restantes (…) ont tenté de s’enfuir vers Benghazi », raconte M. Hamza. Selon lui, les soldats « ont ouvert le feu sur ces voitures avec des mitrailleuses et de l’artillerie lourde », tuant sa mère, un frère et une sœur.