Visiblement acculé après les revers militaires qu’il a subis ces derniers jours sur le terrain, le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, a donné son accord ce samedi à un cessez-le-feu qui entrera en vigueur à partir de 06h00 locales (04h00 GMT), le lundi 8 juin 2020.
Cet accord, qui a été révélé au cours d’une conférence de presse organisée au Caire en compagnie du président égyptien, Abdelfattah Al Sissi, devrait baliser le terrain à ce qui est appelé « l’initiative du Caire ».
Selon le journal égyptien, Al Ahram, l’initiative comprend notamment le respect de « toutes les initiatives internationales de cessez-le-feu », le « retrait des mercenaires étrangers du territoire libyen », le « démantèlement des milices et la remise de leurs armes », le « parachèvement en cours de la commission militaire des «5 + 5 », à Genève, sous les auspices des Nations Unies, le « lancement des initiatives pour résoudre la crise dans tous les processus politiques, sécuritaires et économiques ».
Elle comprend aussi la garantie d’une « représentation équitable des trois régions de la Libye sous la supervision des Nations Unies pour la première fois dans l’histoire du pays », « l’unification des institutions libyennes afin qu’elles puissent jouer leur rôle », « la distribution équitable des ressources libyennes à tous les citoyens » et l’ «adoption d’une déclaration constitutionnelle réglementant les exigences politiques et électorales de la prochaine étape ».
Cette initiative intervient alors que le maréchal Haftar essuie depuis quelques jours des revers dans plusieurs régions du pays. Depuis mercredi, le Gouvernement d’union national, reconnu par l’ONU, a annoncé successivement la prise de l’aéroport international de Tripoli, hors service depuis 2014, le contrôle total des frontières administratives du Grand Tripoli, et la prise de Tarhouna, dernier fief des pro-Haftar dans l’ouest.
Ce samedi, les forces gouvernementales, appuyées par l’allié turc, ont lancé une opération pour reprendre Syrte, ville côtière située à 450 km à l’est de la capitale Tripoli, verrou stratégique entre l’est et l’ouest du pays pétrolier plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, rapporte l’AFP.
« Des ordres ont été donnés aux forces (du GNA) pour qu’elles commencent à avancer et attaquer toutes les positions des rebelles » dans la région de Syrte, a déclaré Mohamad Gnounou, porte-parole des pro-GNA cité par la même source.
« L’armée de l’air a mené cinq frappes dans la périphérie de Syrte, ciblant des véhicules armés et des mercenaires », a-t-il ajouté dans un communiqué sur Facebook.
Sans confirmer directement les deux premiers revers, le porte-parole de M. Haftar, Ahmad al-Mismari, a fait état d’un « redéploiement » des troupes hors de Tripoli.
« Cédant aux pressions et appels de grandes puissances et de l’ONU pour un cessez-le-feu et la reprise des réunions 5+5 (…) nous nous sommes repliés sur 60 km de la périphérie de Tripoli pour en éloigner la bataille », a-t-il dit.
Alors qu’il avait lancé en avril 2019 une grande offensive pour s’emparer, en vain, de Tripoli, Khalifa Haftar a perdu tout l’ouest libyen et est en passe de perdre du terrain dans ses fiefs de l’Est.
Si toutes les initiatives de cessez-le-feu ont échoué jusque-là, celle du Caire, au regard des nouveaux rapports de force sur le terrain, pourrait préfigurer d’un début de règlement de la crise libyenne qui a fait des centaines de victimes et des milliers de déplacés.