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Libye : l’Égypte menace, la Turquie réplique et critique les Émirats

L’Égypte et la Turquie sont au cœur d’une passe d’armes autour de leurs rôles respectifs dans le conflit en Libye, chaque pays dénonçant le soutien apporté au camp rival, rapportent plusieurs médias.

Ce jeudi, le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi a affirmé que son pays ne restera pas les bras croisés face à une menace directe contre la sécurité égyptienne et libyenne.

« Nous ne resterons pas passifs face à des mesures qui constituent une menace directe pour notre sécurité stratégique nationale à nos frontières occidentales, en particulier à la lumière des opérations de renforcement militaire croissantes à proximité de la ville de Syrte », a indiqué le président de l’Égypte.

Al-Sissi s’exprimait en marge d’une rencontre avec des leaders tribaux libyens en provenance de Benghazi, bastion de l’Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar.

Affirmant que son pays refusait de « transformer la Libye en refuge pour les hors-la-loi », Abdelfattah Al-Sissi a appelé les membres des tribus libyennes à s’engager dans ce qu’il décrit comme « une armée nationale unifiée et limiter les armes à l’usage exclusif des institutions de l’État ».

Il a ajouté que l’Égypte était disposée à « accueillir et former des membres des tribus libyennes pour construire une armée nationale libyenne ».

Les déclarations du président égyptien interviennent alors que le camp du maréchal Haftar a formellement autorisé une éventuelle intervention militaire de l’Égypte dans le conflit opposant les forces de l’ANL à celles du gouvernement d’union nationale (GNA), bénéficiant du soutien militaire actif de la Turquie.

Al-Sissi avait notamment menacé d’une intervention « directe » de l’armée égyptienne si le GNA et son principal soutien la Turquie poursuivaient leur avancée vers Syrte, qualifiant une offensive contre cette ville de « ligne rouge » justifiant une éventuelle intervention militaire directe de l’armée égyptienne.

« Les lignes rouges que nous avons annoncées précédemment étaient essentiellement un appel à la paix et à mettre fin au conflit en Libye », a souligné ce jeudi Al-Sissi en référence à sa menace initiale.

Il a assuré que l’Égypte était « capable de changer la situation militaire rapidement et de manière décisive si elle le souhaitait ».

En réaction, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé ce vendredi l’Égypte et les Émirats arabes unis, affirmant que les deux pays interviennent sur le territoire libyen en soutien aux forces du maréchal Haftar.

Affirmant que les relations liant la Turquie à la Libye remontent à plus de cinq siècles, Erdogan a affirmé que son pays « continuera à assumer ses responsabilités en Libye » en dépit d’une éventuelle intervention de l’Égypte.

« Les mesures que prend l’Égypte ici, en particulier le fait de prendre parti pour le putschiste Haftar, sont la preuve d’une démarche illégale », a estimé en outre le président turc, qualifiant par ailleurs de « pirates » les actions des Émirats arabes unis en Libye.

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