Cette fois, pas de remontada! Un penalty controversé de Cristiano Ronaldo a atténué la défaite du Real Madrid contre la Juventus (3-1) et préservé in extremis la qualification du tenant pour les demi-finales de Ligue des champions, après un quart retour incroyable, improbable, irrespirable.
Au lendemain de l’humiliation infligée par l’AS Rome au FC Barcelone (3-0), l’Italie a failli surprendre encore l’Espagne: au stade Santiago-Bernabeu, des buts de Mario Mandzukic (2e, 37e) et Blaise Matuidi (61e) ont effacé l’avantage de trois buts (3-0) acquis à l’aller à Turin par l’équipe double championne d’Europe en titre.
Et dans le temps additionnel, alors qu’on filait vers la prolongation, Mehdi Benatia a bousculé Lucas Vazquez après une remise de la tête de Ronaldo. Penalty polémique sifflé par l’arbitre, qui a exclu dans la foulée Gianluigi Buffon pour contestation, et but (90e+7) de l’intraitable “CR7”, son 15e cette saison et son 120e en 150 matches de C1.
Voilà le Real qualifié pour sa huitième demi-finale de C1 consécutive… mais quelle trouille pour Zinédine Zidane et ses hommes! Quelle souffrance! Le stade Bernabeu a tremblé jusqu’au bout avant d’exulter sur le but de Ronaldo, qui est allé communier avec le public merengue, tous pectoraux dehors.
C’est peut-être logique au vu de la domination madrilène dans ce match mais c’est cruel pour l’impeccable Juventus et pour le mythe Buffon (40 ans), qui a achevé sur un carton rouge ce qui pourrait rester comme son dernier match européen.
– La Juve tutoie l’exploit –
Quoi qu’il en soit, la Juve a tutoyé l’exploit au stade Bernabeu, comme inspirée par le triomphe romain la veille, et elle menait 2-0 à la demi-heure de jeu grâce à un doublé de Mandzukic sur deux coups de têtes quasi-identiques, au deuxième poteau sur des centres venus de la droite (2e, 37e).
En cause à chaque fois, le manque de rodage de la défense madrilène avec le tout jeune Jesus Vallejo en l’absence du capitaine Sergio Ramos suspendu. En cause aussi, la décision de laisser le format poche Dani Carvajal au marquage du grand Mandzukic…
Pourtant, une fois passé la stupeur, le Real ne s’est pas liquéfié, contrairement au Barça mardi.
Malgré le pressing italien, les Madrilènes ont pris le contrôle du jeu et multiplié les offensives dangereuses (10e, 14e, 34e) face à un Buffon impérial…
Mais ni les frappes lointaines (30e, 32e, 33e), ni les tentatives d’un Ronaldo très agacé et prompt à réclamer des fautes n’ont réussi à remettre le Real dans le match. Pas même la tête de Varane qui s’est écrasée sur la transversale dans le temps additionnel de la première période (45e+2) !
– Ronaldo déchaîné –
Voyant son équipe au bord du gouffre, Zidane a pris des décisions fortes à la pause: exit Bale et Casemiro, en-dedans, et entrées de Lucas Vazquez et Marco Asensio, habituels dynamiteurs, dans un 4-4-2 à plat.
Cela a offert davantage d’amplitude au Real, comme sur cette reprise de Ronaldo (57e), mais la Juve continuait de menacer à l’image de l’inarrêtable Douglas Costa, qui a fait subir un calvaire à Marcelo sur son aile.
Puis, sur un centre apparemment anodin, Keylor Navas s’est troué et Blaise Matuidi, opportuniste, a poussé au fond le ballon (61e).
A 0-3 à 30 minutes de la fin, la Juve n’avait jamais été aussi proche de sa propre “rimonta”, et les quelques milliers de tifosi présents ont entonné un vibrant “Fratelli d’Italia” dans un Bernabeu ultra-nerveux qui a chanté à son tour un slogan fleuri incitant ses joueurs à donner davantage.
Dans un dernier quart d’heure à couper le souffle, le Real a insisté, insisté, butant sur Buffon (78e), avant des arrêts de jeu décisifs.
Et au bout de la nuit madrilène, les divinités du football n’ont pas voulu d’un nouvel exploit italien, laissant Ronaldo, déchaîné, rêver à la “Decimotercera”, la possible 13e C1 de l’épique histoire du Real.