Le Paris SG rêve de Ligue des champions et a dépensé plus de 400 M EUR pour acheter Neymar et Mbappé l’été dernier. Mais il faut plus que ça pour concurrencer les grandes puissances continentales. Le huitième de finale retour le 6 mars face au Real Madrid s’annonce explosif, surtout pour le coach parisien Unai Emery.
. Un cran en-dessous
L’espoir est encore permis pour Paris, qui a marqué un but à l’extérieur mercredi au Santiago Bernabeu (3-1) et sera donc qualifié s’il s’impose 2-0, par exemple, lors de la manche retour au Parc des Princes. A domicile, le PSG n’a jamais perdu depuis qu’il est entraîné par Unai Emery et il faut remonter à mars 2016 pour y trouver trace d’une défaite (face à Monaco).
Mais la fin de match mercredi à Madrid a laissé une drôle d’impression, comme si ce PSG, malgré les sommes déboursées cet été et depuis son passage sous pavillon qatari, était encore quelques crans en dessous du gotha européen. « On répète toujours les mêmes choses mais on se fait encore avoir. C’est facile de mettre beaucoup de buts à Dijon, en championnat, mais c’est dans ces matches-là qu’il faut être bon », a ragé Adrien Rabiot sur beIN Sports, l’un des meilleurs parisiens au Bernabeu.
. ‘MCN’ pas décisive
Son président, Nasser Al-Khelaïfi, a ciblé l’arbitrage mais les critiques de Rabiot font penser à la ‘MCN’, Mbappé-Cavani-Neymar, qui a très peu combiné ensemble: Edinson Cavani n’a ainsi jamais été servi par Neymar qui a fait beaucoup de différence mais aussi privilégié quasi systématiquement la solution individuelle, rarement à bon escient.
« C’est un risque qu’il veuille gagner le match à lui tout seul », avait prévenu dès dimanche, Bixente Lizarazu, champion du monde 1998, sur Téléfoot.
« Nous n’avons pas fait un mauvais match, mais nous devons être meilleurs si nous voulons éliminer le Real Madrid », a analysé le Brésilien devant les médias de son pays mercredi. « Nous avons commis des erreurs à certains moments. Nous n’avons pas eu la tranquillité et la maturité, surtout en fin de match ». Lucide, mais un peu tard.
. Vestiaire plombé, coach fragilisé
Cette « tranquillité » dans le ‘money time’ fait la force des grands. C’est ce qui manque au PSG. Emery a pourtant fait des paris, en laissant Thiago Silva, capitaine réputé fragile dans les gros matches, sur le banc, et en préférant Giovani Lo Celso, 21 ans, sans grande expérience, à Lassana Diarra, ex du Real.
L’entraineur basque va devoir gérer un vestiaire électrisé: Silva a boudé l’entraînement d’avant-match (avant de s’échauffer à la mi-temps), et risque de ruminer un moment. Même si Marquinhos assure que son compatriote a « gardé une attitude positive dans le vestiaire ».
Emery se retrouve un peu plus fragilisé, même si Al-Khelaïfi a dit être « derrière lui à 100% ». En fin de contrat en juin, le Basque serait prolongé en cas de qualification pour les demi-finales. Mais la fin de match de son équipe n’incite pas à l’optimisme, avec deux buts encaissés en quatre minutes…
. Enjeux et fantasme de remontada…
« Ce n’est pas fini », a titré le quotidien L’Equipe jeudi. Interrogé sur l’état d’esprit du vestiaire, Marco Verratti a assuré qu’il y avait « beaucoup de confiance ». « Ceux qui ont parlé ont dit qu’il fallait penser au match retour, c’est le match le plus important pour nous, on ne va pas se cacher ».
« On sait que c’est une qualification très importante, on ne peut pas sortir dès les huitièmes », a aussi dit le ‘Petit Hibou’, bien conscient des enjeux multiples, de prestige, sportifs, commerciaux, financiers.
Une élimination dès les 8es donnerait le sentiment d’un recul. Ce serait la 2e à ce stade sous Emery, alors qu’avant le club des Qataris cédait en quarts. Une sortie de la compétition reine représenterait aussi un manque à gagner important pour un club exposé à des sanctions de l’UEFA dans le cadre du fair-play financier, à la suite de son dépensier mercato d’été.
« On va tout essayer pour se qualifier », clame Verratti. Mais il faudra faire mieux qu’essayer face au Real Madrid, riche de tout ce qui manque au PSG actuel: un entraîneur en réussite (Zidane), un capitaine incontestable (Ramos), des cadres au top dans les grands matches (Ronaldo, Marcelo), une culture de la gagne et surtout une incomparable expérience au plus haut niveau (12 Ligues des champions).