Le leader de Premier League face à celui de Serie A, les deux attaques les plus prolifiques d’Europe avec le PSG et certains des joueurs offensifs les plus excitants du continent: Manchester City-Naples, mardi en Ligue des champions, est une promesse de jeu portée par Pep Guardiola et Maurizio Sarri, techniciens aux parcours opposés mais aux idées similaires.
. La banque et la Masia
Les routes de Sarri et de Guardiola vont se rejoindre à l’Etihad Stadium, mais ça n’était pas évident au point de départ.
La Ligue des champions est le monde de Pep Guardiola, qui l’a remportée une fois comme joueur (1992) et deux comme entraîneur, à chaque fois avec Barcelone (2009 et 2011).
A 13 ans, il avait intégré la Masia, le centre de formation du Barça, et n’a jamais connu autre chose que le haut niveau, que ce soit comme joueur (champion olympique avec l’Espagne, six fois champion avec Barcelone) ou comme entraîneur (triple champion d’Espagne avec le Barça et d’Allemagne avec le Bayern Munich).
Sarri a lui découvert la Serie A avec Empoli il y a tout juste trois ans, après avoir grimpé tous les échelons du football italien. Il n’a jamais joué à haut niveau et a passé une bonne partie de sa vie dans les bureaux de la banque Monte dei Paschi di Siena, entraînant en parallèle des équipes amateurs de Toscane.
« J’ai ensuite choisi de faire pour métier le seul que j’aurais pu faire gratuitement », a-t-il expliqué en 2014.
. Plénitude et progression
Si ce City-Napoli est aussi attendu, c’est que les deux équipes réussissent une saison remarquable, les principes de jeu des deux techniciens semblant désormais parfaitement intégrés.
Deuxième puis troisième ces deux dernières années en Serie A, Naples a fait le choix de la continuité pour un résultat spectaculaire: huit victoires en huit matches, dont sept avec au moins trois buts marqués. L’équipe se connaît parfaitement et semble réciter ses schémas de jeu, pressing haut, relance soignée et jeu en triangle.
Evidemment leader, l’équipe de Sarri, sans grande vedette mais avec des joueurs qui progressent encore (Mertens, Insigne, Koulibaly…), possède la meilleure attaque d’Italie. C’est aussi celle qui a le plus de possession, de tirs tentés et cadrés ou de passes réussies.
Elle semble enfin plus tueuse et moins complaisante défensivement, même si City sera dans ce domaine un test d’envergure.
Après une première saison mancunienne en demi-teinte et sans trophée, Guardiola a de son côté recruté les joueurs dont il avait besoin pour son jeu léché.
Avec de nouveaux latéraux (Danilo, Mendy et Walker) recrutés à prix d’or et lui permettant de jouer haut, un gardien capable d’évoluer comme un dernier défenseur (Ederson), la progression constante de De Bruyne et une année de plus pour les jeunes Stones, Sané et Jesus, la puissance offensive mancunienne a éclaté.
Les principes offensifs du Catalan sont entrés petit à petit dans les têtes mancuniennes, la personnalité du mentor infusant dans les esprits des plus jeunes, à l’image d’un Stones en grand progrès et en adoration devant son entraîneur.
Comme les Napolitains, les « Citizens » sont désormais leaders et meilleure attaque de leur championnat après une performance de rêve samedi contre Stoke, détruit 7-2 sans même avoir besoin de lancer Agüero. « On peut toujours faire mieux, mais je dois admettre qu’aujourd’hui, c’est la meilleure performance depuis mon arrivée », a lâché Guardiola.
. Admiration et compliments
Depuis le tirage au sort, Guardiola a multiplié les déclarations élogieuses à l’égard de Sarri et de Naples, « l’une des trois ou quatre équipes à jouer le meilleur football au monde actuellement ».
Après Stoke, il a de nouveau mis en garde ses joueurs contre un éventuel excès de confiance. « S’ils pensent comme ça, alors ils sont stupides. Mais cela n’arrivera pas. Je vais leur montrer lundi et mardi à quel point Naples joue bien. »
Sarri de son côté a parlé du Catalan comme d’un « phénomène en évolution », dont le « football marquera son époque », soulignant combien Guardiola avait su se réinventer.
« Avec le Bayern puis City, on voit que quelque chose a changé depuis Barcelone. La philosophie est restée la même mais les déplacements ont changé, il attaque et il défend avec des systèmes différents », a-t-il résumé.