Quelles sont vos impressions sur le 37e vendredi qui a coïncidé avec le 1er novembre ?
Mohamed Hennad, politologue : Sans être un chantre du novembrisme, il faut dire que la coïncidence, dans ce 9e mois du Hirak, ressemble bien à un alignement des planètes, d’autant plus que la célébration du 5 juillet avait aussi coïncidé avec un vendredi. La célébration du 1er novembre, cette année, a été d’autant plus édifiante qu’elle a été marquée par, d’une part, un régime décrié célébrant l’événement dans « son » Palais du peuple et d’autre part, un peuple, dehors, qui tenait à se réapproprier l’événement historique à travers une marche grandiose réclamant une véritable indépendance.
De quoi la grève des magistrats est-elle symptomatique ?
En prenant note des différentes déclarations du Syndicat national des magistrats, l’on mesure l’étendue de la détresse dans laquelle vivait ce corps Ô combien sensible pour le vivre-ensemble. Balayant d’un revers de la main tout préjugé, le SNM déclare que la grève ouverte porte sur une revendication fondamentale, celle de « l’indépendance de la justice », notamment vis-à-vis de l’Exécutif dont le syndicat qualifie les mesures prises de policières. Mais il faut bien préciser que l’importance du hirak réside aussi dans le fait qu’il a fait prendre conscience aux magistrats qu’il était temps de faire amende honorable. Car, tout compte fait, la corruption ne pouvait continuer à sévir que grâce à une justice aux ordres et un laxisme qui autorisait tous les abus.
Que vous inspire la liste des cinq candidats retenus par l’ANIE ?
Aucune surprise ! Sauf que peut-être on s’attendait à un nombre légèrement plus élevé. Mais c’est mieux comme ça ! Malgré le gâchis incroyable des formulaires (10 millions) !
D’ailleurs, la vidéo qui a circulé montrant la manière dont les formulaires étaient comptés nous permet d’avancer que la liste des candidats était décidée d’avance.
Il faut, tout d’abord, noter que cette annonce intervient au lendemain de la 37e marche coïncidant avec la commémoration du 65e anniversaire du 1er novembre ; histoire de titiller l’imaginaire populaire. Ensuite, il ne faut pas oublier que quatre des cinq candidats retenus ont été ministres ou chefs du gouvernement sous l’ex-président ; le cinquième n’en était pas très loin. Les cinq candidats savent pertinemment qu’aux yeux du hirak, ils ne peuvent être considérés que comme le moyen par lequel le pouvoir tente d’assurer sa survie.
Le scénario d’une annulation de la présidentielle du 12 décembre est-il envisageable, d’après vous ?
Sauf imprévu, l’élection du 12 décembre aura bien lieu. Cependant, au vu du refus populaire de l’élection, l’on a du mal à imaginer comment les candidats vont pouvoir mener leur campagne électorale. Il y a aussi un autre fait qui va constituer un handicap majeur à l’élection prévue, c’est celui de l’absence des magistrats au cas où leur grève se poursuit.