Un documentaire diffusé sur la chaîne franco-allemande Arte le 11 novembre, intitulé Demain tous crétins ?, s’est penché sur la baisse du quotient intellectuel (QI), un phénomène mondial constaté depuis une vingtaine d’années. En cause : le manque d’iode et les perturbateurs endocriniens.
« Nous devenons de plus en plus stupides. Ça se passe en ce moment, ça ne va pas s’arrêter et on a intérêt à réfléchir à ce que nous allons faire avec ça », alerte Edward Dutton, un anthropologue anglais qui travaille sur l’évolution de l’intelligence. Le chercheur -qui a eu accès à une base de données des armées scandinaves regroupant les résultats de QI des appelés- révèle que le QI a augmenté jusqu’au milieu des années 1990 avant de baisser chaque année.
Des scientifiques ont établi un lien entre cette baisse du QI et la glande thyroïde. Ainsi, alors que l’iode (que l’on trouve dans le sel iodé ou dans le poisson) est indispensable à la fabrication des hormones thyroïdiennes qui permettent un bon développement cérébral du fœtus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a constaté des déficits en iode dans une cinquantaine de pays, note le documentaire. Francesco Vermiglio, un professeur d’endocrinologie italien, cité dans Demain tous crétins ?, a ainsi observé une différence de plusieurs points de QI chez les enfants de mères carencées en iode et celles qui ne l’étaient pas pendant la grossesse.
Si l’Algérie n’est pas citée dans ce documentaire, il faut rappeler qu’elle est aussi concernée par ce problème. Certes, le pays a mis en place au début des années 1990 un programme pour éradiquer la carence iodée, mais elle perdure dans les régions côtières et dans les villages montagneux, rappelait une étude publiée par trois chercheurs algériens fin 2016. De plus, une étude menée par le ministère du Commerce en 2015 avait révélé que 90% des boulangers du pays utilisaient du sel non iodé dans la fabrication du pain.
Une consommation d’iode insuffisante n’est toutefois pas la seule explication à cette baisse du QI. En effet, la présence de substances chimiques -des perturbateurs endocriniens- affecterait également le développement du cerveau de l’enfant. Ils sont pourtant présents au quotidien dans notre environnement, interpellent les réalisateurs du documentaire, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade. Parmi eux, on trouve les PCB (pour polychlorobiphényle) -présents dans le plastique, la peinture, la colle- qui menacent les cerveaux des enfants.
En outre, rapporte le documentaire, des « retardateurs de flamme » ajoutés à une grande variété de produits pour les rendre moins inflammables sont également considérés comme des « perturbateurs endocriniens ». On les trouve notamment dans nos ordinateurs, nos téléphones portables, nos téléviseurs et dans certaines mousses de canapés ou dans des tapis.
Mais la liste ne s’arrête pas là. Car, dans notre environnement, ces perturbateurs endocriniens se trouvent aussi dans les pesticides. Brenda Esknazi, une chercheuse américaine en épidémiologie de l’université de Berkeley, a réalisé une étude qui démontre l’impact des molécules des pesticides sur le développement des fœtus. Les conséquences sont nombreuses : retard intellectuel, baisse de QI, augmentation des problèmes d’attention et hausse des symptômes autistiques, énumère la chercheuse.
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