L’été s’installe en Algérie et annonce déjà la couleur : températures torrides, rationnement d’eau potable et prolifération à grande échelle d’une armada de moustiques, marqueur indélébile de la détérioration de la qualité de vie des citoyens.
À Alger, aucun quartier n’est épargné par ces « frappes » aériennes « chirurgicales » menées par ces indésirables. Dans le contexte sanitaire actuel, cette prolifération inquiète les Algériens.
Ces derniers sont de plus en plus sujets à des piqûres, des démangeaisons et des irritations cutanées qui les conduisent parfois même jusqu’à l’hôpital.
Eaux stagnantes à proximité des habitations, amoncellement d’ordures ménagères, insalubrité des caves dans les cités, autant de facteurs qui favorisent la prolifération de ces insectes volants.
D’autres relèvent l’absence des agents des services d’hygiène des communes qui n’assurent plus les opérations de démoustication. Quant aux entreprises professionnelles de lutte contre ces nuisibles, elles confirment la prolifération de ces détestables moustiques qui nous empoisonnent la vie.
À l’attaque !
Les envahisseurs sont de retour. Ni le pot de basilic placé au bord de la fenêtre, ni les pastilles anti-moustiques n’arrivent à les mettre KO. Ces nuisibles semblent narguer la population avec aplomb.
Dès que la nuit tombe, ils passent à l’attaque, organisant des raids en bonne et due forme. Malika habite Place du 1 Mai dans le centre d’Alger.
Elle raconte : « En ce début de l’été, les moustiques multiplient leurs assauts. Nous sommes envahis par ces insectes. Pas deux ou trois, dont on peut se débarrasser avec un répulsif, mais des armées entières qui bourdonnent à vos oreilles toute la nuit et vous sucent votre sang ».
Récemment, son petit garçon s’est réveillé le matin avec des plaques, des boutons et des rougeurs sur la peau. « Par endroit, sa peau était carrément enflée. J’ai dû l’emmener à l’hôpital où le médecin lui a prescrit des antibiotiques. Le docteur a dit qu’il s’agissait de moustiques tigres, plus virulents encore que leurs congénères. Il m’a expliqué que chaque femelle moustique de cette espèce pond environ 200 œufs. Moi je veux juste poser une question : l’été dernier, les services communaux passaient régulièrement pour des virées de démoustication. Cela fait plus d’une année qu’on ne les a pas vus. Il serait temps de revenir sur le terrain pour nous débarrasser de ces envahisseurs ».
Caves insalubres
Même constat de cet habitant de Bir Mourad Raïs : « Si on veut voler quelques heures de sommeil, il faut dormir fenêtres fermées afin de faire barrage à ces bestioles. Mais avec la chaleur, on étouffe. Il n’y a aucune opération de désinsectisation. Dans de nombreuses cités, les caves sont insalubres. Elles grouillent d’insectes rampants, volants, sans parler de la prolifération des rats. Cela pose un véritable problème de santé publique. Les services d’hygiène communaux doivent impérativement se redéployer sur le terrain. Au plus fort de la crise sanitaire au printemps 2020, ils multipliaient les opérations de désinsectisation. Plus maintenant ».
Entreprise de démoustication
Top Hygiène est une société privée spécialisée dans la désinfection, la désinsectisation et la dératisation. Les techniciens de cet établissement interviennent essentiellement dans les hôtels, les entreprises et certains hôpitaux publics avec lesquels ils ont signé un contrat, comme nous le dit Zohir Belaoui, l’un des gérants de cette entreprise familiale, située à Chéraga dans l’Ouest d’Alger.
« Cela fait 21 ans que nous proposons nos prestations dans ce domaine. Nos équipes interviennent quotidiennement, du 1 er juin au 30 septembre de chaque année, au niveau de certains hôtels internationaux, à Alger et dans d’autres grandes villes du pays. Ces établissements sont soucieux du bien-être de leurs clientèles et entendent leur éviter les désagréments de ces envahisseurs nocturnes. Ce sont des opérations de fumigations ou de démoustication que nos équipes effectuent très tôt le matin ou après le coucher du soleil ».
Pourquoi tant de nuisibles ?
Interrogé sur la prolifération des moustiques en ce début d’été, Zohir Belaoui, confirme cette tendance : « En effet, la capitale pullule de ces insectes. En cause : les nombreuses fuites d’eau, les eaux stagnantes dans les caves des cités, les poubelles non ramassées à temps par les services de la voirie et les coupures d’eau récurrentes qui induisent une baisse d’hygiène chez les citoyens. Tous ces facteurs entraînent la prolifération de ces nuisibles. Nous avons aussi observé l’absence des opérations de démoustication par les communes. J’habite Hydra, et j’ai pu observer que ces tournées ont complètement disparu dans tous les quartiers limitrophes, tels que Paradou, Said Hamdine, Sidi Yahia, la Concorde, Birmandreis… »
Le moustique tigre, reconnaissable à sa silhouette noire et à ses rayures blanches sur l’abdomen et les pattes, est présent en force dans nos villes. Non content de nous infliger son bourdonnement agaçant, il passe à l’attaque dès que nous éteignons notre lampe de chevet.
Si les répulsives et autres pastilles anti-moustiques n’ont pas eu raison de ces envahisseurs volants, essayez les plantes. Il paraît que l’odeur du basilic, de la menthe poivrée, du géranium et de la citronnelle, les incommodent au plus haut point et leur font prendre leurs ailes à leurs cous ! Mais aucune recette n’est efficace à 100 %. Les services d’hygiène doivent reprendre rapidement les opérations de démoustication et de dératisation.