Le procureur de Téhéran a accusé mardi un éminent écologiste, dont le récent « suicide » en prison fait polémique, d’avoir fait partie d’un réseau d’espionnage mis en place par les services de renseignements américain et israélien.
Kavous Seyed Emami, universitaire irano-canadien de renom et directeur de la Fondation pour la faune persane, a été enterré mardi dans le village d’Ammameh, à 40 km au nord de Téhéran.
Des responsables affirment qu’il s’est suicidé dans sa cellule de prison, après son arrestation avec sept membres de sa fondation, mais sa famille et des universitaires contestent cette version.
Selon le procureur de Téhéran, Abbas Jafari-Dolatabadi, cette ONG avait été créé « il y a une décennie environ » pour masquer des activités de collecte « d’informations classifiées dans les secteurs de la défense et des missiles ».
« Les suspects dans cette affaire, sous la direction des officiers du renseignement de la CIA et du Mossad, ont mené une triple mission centrée sur l’environnement, infiltrant la communauté scientifique et collectant des informations de centres (aux activités) sensibles et vitales, notamment sur les bases de missiles », a-t-il affirmé, cité par Mizanonline, l’agence qui dépend de l’Autorité judiciaire.
Selon M. Jafari-Dolatabadi, Kavous Seyed Emami était l’un des principaux contacts des agents du renseignement américain et avait hébergé chez lui un des responsables.
Il a accusé des membres de ce réseau d’avoir « installé des caméras dans des zones stratégiques, sous couvert d’observation de l’environnement, alors qu’en réalité ils observaient les activités des missiles de ce pays ».
Le procureur de Téhéran a par ailleurs affirmé que le principal soutien financier de ce réseau était un citoyen irano-britano-américain, aux initiales « MT », faisant probablement référence à Morad Tahbaz, un riche homme d’affaires et membre de la Fondation pour la faune persane, qui a été arrêté le mois dernier.
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– Autopsie –
Une autopsie sur le corps de Kavous Seyed Emami a eu lieu lundi, après une demande en ce sens de la part de sa famille et ses collègues qui ont émis des doutes sur l’hypothèse du « suicide ».
« Dans tous les cas d’une mort suspecte, une autopsie a lieu », a affirmé Payam Derafshan, un avocat de la famille, précisant que le corps avait été rendu à la famille.
Il affirme avoir visionné une vidéo tournée dans la cellule de M. Emami, que les autorités tiennent pour preuve de son suicide.
« Parce qu’il n’y a pas un bon angle (…), l’acte de suicide n’est pas clair », a-t-il indiqué à l’agence Ilna.
L’écologiste avait été arrêté le 24 janvier et sa famille a été informée vendredi de son « suicide » en prison.
Selon lui, la vidéo montre des gardiens de prisons découvrir le corps de M. Emami et tentant de le réanimer.
« Il est très important de savoir pourquoi il a été forcé à mettre fin à ses jours, et la raison de cet acte doit être clairement dite », a ajouté l’avocat de la famille.
Ramin, le fils de Seyed Emami, a indiqué sur Instagram que la famille avait déposé une plainte sur la mort de son père.