L’ascension de l’Iran sur la scène internationale et les tensions avec certains pays arabes qui en découlent présagent une embellie des relations entre ces pays et Israël. Certains experts conviennent de signes de rapprochement après des décennies d’hostilité.
Une reconnaissance d’Israël par ces pays arabes paraît encore très lointaine, mais cela n’empêche pas l’émergence de discrètes coopérations, selon experts et responsables. Un réchauffement significatif constituerait toutefois une rupture de la part de pays qui refusent de coopérer avec Israël tant que les Palestiniens n’auront pas leur indépendance.
La « communauté d’intérêts » a été illustrée récemment quand Israël et l’Arabie saoudite se sont retrouvés ensemble parmi les rares à féliciter le président américain Donald Trump après son discours sur l’Iran. Israël considère ce pays comme un de ses principaux ennemis, tandis que l’Arabie saoudite voit en Téhéran son rival régional.
« Il se trouve que, sur ce point, Israël et les principaux pays arabes voient les choses du même œil », a déclaré le Premier ministre israélien Netanyahu cette semaine, et « quand Israël et les principaux pays arabes voient les choses du même œil, soyez attentifs, c’est que quelque chose d’important est en train de se produire ». Netanyahu avait déjà assuré la semaine dernière que les relations avec le monde arabe n’avaient « jamais été aussi bonnes ».
Depuis sa création en 1948, seuls deux pays arabes, l’Égypte et la Jordanie, ont reconnu Israël.
La radio israélienne rapportait le mois dernier que le prince saoudien Mohammed ben Salmane s’était secrètement rendu en Israël et avait rencontré des responsables israéliens. L’information n’a jamais été confirmée.
Israéliens et Arabes ont des relations « à l’abri des regards indiscrets parce que, culturellement, la question est sensible au Proche-Orient », explique à l’AFP Ayoub Kara, ministre des Communications proche de M. Netanyahu.
Israël et certains pays arabes semblent « se coordonner » sur différents sujets, dont les moyens de contenir l’Iran, affirme Uzi Rabi, professeur à l’université de Tel-Aviv et spécialiste de l’Arabie saoudite. « Il y a des rencontres partout entre Saoudiens et Israéliens, fondées sur des intérêts communs », affirme-t-il. Les signes d’une collaboration accrue sont toutefois difficilement discernables.
L’administration Trump cherche à rapprocher Arabes et Israéliens, espérant favoriser un accord « ultime » entre Israéliens et Palestiniens. Le président américain, en visite dans la région en mai, a – fait rarissime – pris l’avion directement d’Arabie saoudite vers Israël. « Ce qui se passe avec l’Iran a amené de nombreuses autres parties du Moyen-Orient à se tourner vers Israël », a-t-il affirmé.
La possibilité d’une reconnaissance d’Israël par les pays arabes en échange de la création d’un État palestinien est une approche envisagée depuis des années. Elle fondait le plan de paix saoudien de 2002, resté lettre morte. Des responsables israéliens évoquent une démarche inverse : une reconnaissance d’Israël par les pays arabes, qui contribuerait ensuite à la paix avec les Palestiniens.
Les relations entre Israël et les pays du Golfe ne sont cependant pas une nouveauté. Dans les années 1980, le milliardaire et négociant d’armes saoudien Adnan Khashoggi était réputé pour entretenir des liens avec le ministre de la Défense de l’époque, Ariel Sharon, dit Gil Merom, spécialiste de politique internationale à l’université de Sydney en Australie.
De nombreux experts se montrent cependant sceptiques quant aux chances d’une confluence majeure à défaut d’accord mettant fin à cinquante ans d’occupation israélienne des Territoires palestiniens. Les dirigeants arabes connaissent les sensibilités de leurs opinions publiques, largement défavorables à Israël et solidaires des Palestiniens.
« Plusieurs pays arabes sunnites, notamment dans le Golfe, ont de plus en plus le sentiment que la menace représentée par l’Iran et l’islamisme militant représente la ligne de fracture principale », affirme Kristian Ulrichsen, spécialiste du Golfe à la Rice University aux États-Unis, « et sur ces deux questions, il y a une certaine convergence d’intérêts avec Israël ». Il juge pourtant prématuré de parler d’une reconnaissance d’Israël, mais il s’attend à ce que « les liens économiques et sécuritaires se développent plus ouvertement dans les mois et les années à venir ».