Le ministre de l’Intérieur allemand, du parti allié à celui de la chancelière, estime que l’islam « n’appartient pas à l’Allemagne », relançant le débat sur la place de l’islam dans la société allemande, dans un entretien publié vendredi.
« Non. L’islam n’appartient pas à l’Allemagne. L’Allemagne est marquée par le christianisme. Le dimanche chômé, les jours fériés chrétiens et les rituels comme Pâques, la Pentecôte ou Noël en font partie », a déclaré au quotidien populaire Bild Horst Seehofer, patron de la très conservatrice CSU, alliée bavaroise de Mme Merkel.
« Mais les musulmans qui vivent chez nous appartiennent évidemment à l’Allemagne. Cela ne signifie naturellement pas que nous abandonnions pour de fausses considérations nos traditions et des usages typiquement de chez nous », a ajouté M. Seehofer, dont les attributions ministérielles englobent également un inédit « ministère de la Patrie ».
Ces propos interviennent deux jours après la réélection de Mme Merkel pour un quatrième mandat à la tête d’une coalition conservateurs/sociaux-démocrat
Ils font référence à la phrase prononcée en 2010 par le président allemand alors en exercice, Christian Wulff, qui avait affirmé que l’islam faisait « à présent » partie de l’Allemagne.
Mme Merkel a repris à plusieurs reprises cette phrase à son compte.
Restée célèbre, elle avait suscité un large débat dans le pays autour de la place de l’islam dans une société allemande où vivent désormais plus de quatre millions de musulmans et qui, sous l’impulsion de Mme Merkel, a accueilli depuis 2015 des centaines de milliers de réfugiés dont beaucoup venus de pays musulmans.
Très hostile à la politique migratoire de Mme Merkel, la CSU de M. Seehofer a notamment réussi à imposer dans le contrat de gouvernement une limite haute au nombre de réfugiés que l’Allemagne pourra accueillir chaque année, entre 180.000 et 220.000.
Dans Bild, Horst Seehofer a également annoncé qu’il allait convoquer une conférence sur l’islam pour discuter des problèmes d’intégration des musulmans.
« Voici mon message : les musulmans doivent vivre avec nous, pas à côté de nous. Pour arriver à cela, nous avons besoin d’une compréhension mutuelle et de considération. Nous n’atteindrons cela qu’en discutant les uns avec les autres », a-t-il déclaré.
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