L’isolement du Qatar dans le Golfe a des répercussions jusque sur les terrains de foot de la Coupe d’Asie, où pour leur demi-finale mardi, les Emirats arabes unis, pays hôte, n’ont vendu aucun billet aux supporters adverses qataris.
Les Qataris sont pour la plupart interdits de séjour aux Emirats arabes unis, et Abou Dhabi fait même absolument tout ce qui est en son pouvoir pour qu’aucun supporter adverse ne puisse s’infiltrer dans son stade pour la demi-finale surprise de la Coupe d’Asie.
Dans un tweet, la commission des sports d’Abou Dhabi a ainsi annoncé que les billets restants pour ce match très attendu dans le pays seront donnés à “des fans loyaux des Emirats arabes unis”. De longues files d’attente de supporters en quête de tickets gratuits se sont ainsi formées, mais seules les personnes disposant d’une pièce d’identité émiratie ont pu en obtenir.
Une tactique destinée à éviter que des supporters d’Oman viennent encourager le Qatar, comme en phase de poules lors de la victoire contre l’Arabie saoudite.
Casse-tête diplomatique
Le stade Mohamed Bin Zayed d’Abou Dhabi et ses 42.000 places va donc afficher complet et sera entièrement acquis à la cause des joueurs entraînés par l’Italien Alberto Zaccheroni.
Mais les joueurs émiratis auront la pression : perdre à domicile face au rival qatari ferait très mauvais genre et le désastre pourrait même être total si l’Iran, dans le même temps, parvenait à battre le Japon dans l’autre demi-finale.
Voir le Qatar ou l’Iran célébrer leur qualification et brandir leur drapeau à Abou Dhabi serait difficile à avaler pour le pays hôte, sans parler du casse-tête diplomatique pour savoir ensuite s’il convient de laisser des dirigeants de ces deux pays ennemis venir assister à la finale.
Le Qatar, qui prépare son Mondial-2022, a déjà créé la surprise en sortant vendredi la Corée du Sud pour atteindre la première demi-finale de Coupe d’Asie de son histoire.
La rivalité régionale a déjà eu un impact visible sur la compétition, retransmise uniquement sur la chaîne qatarie beIN Sports… interdite dans les hôtels officiels approuvés par les organisateurs du tournoi.
A défaut de pouvoir venir au stade, les fans qataris pourront bien sûr voir la rencontre à distance. Les ressortissants du petit émirat doivent déjà obtenir une autorisation spéciale s’ils veulent se rendre aux Emirats. Et comme il n’y a plus de moyens de transports entre les deux pays, ils doivent en outre passer par un pays tiers avant de pouvoir y entrer, ce qui complique sérieusement le voyage.
“Il n’y a pas que moi qui aimerait aller au match, des milliers de Qataris veulent voir leur équipe”, insiste auprès de l’AFP à Doha Abdulrahman, ingénieur de 25 ans fervent supporter des “Marrons”. “Bien sûr je n’irai pas. Si j’y vais j’aurai trop de problèmes, c’est beaucoup trop compliqué pour nous”.
“Si on gagne, je vais pleurer. On veut montrer aux Emirats arabes unis qui nous entravent: +vous nous causez des problèmes, mais vous ne nous arrêterez jamais+”, poursuit Abdulrahman.
Cependant, sur les réseaux sociaux tout le monde n’est pas forcément à cran et de nombreux supporters des deux camps partagent des vidéos et des interviews datant d’avant le début de la crise de juin 2017, quand les gens parlaient d’un Golfe uni.
“Si le Qatar gagne nous serons heureux, et si les Emirats arabes unis gagnent nous serons aussi heureux”, écrit ainsi Ahmed, qui a un drapeau saoudien à côté de son portrait sur Twitter. “Le plus important est que la coupe soit remportée par une nation du Golfe. Nous sommes un Golfe, une nation”.