Économie

Livraison de gaz à l’Espagne : l’Algérie surclassée par la Russie

Historiquement premier fournisseur de gaz à l’Espagne, l’Algérie a vu ses parts de marché reculer dans ce marché au profit d’abord des États-Unis, puis de la Russie.

L’Algérie est en crise ouverte avec l’Espagne depuis mars dernier, suite à la décision du gouvernement de Pedro Sanchez d’appuyer les thèses marocaines sur le Sahara occidental.

Le 8 juin, Alger a annoncé la suspension du Traité d’amitié qui lie les deux pays depuis 20 ans, tandis que les autorités espagnoles crient au blocage du commerce.

Des craintes sont simultanément exprimées en Espagne quant à la continuité des livraisons de gaz algérien. La crise est survenue dans un moment crucial pour l’Espagne marqué par les retombées de la guerre en Ukraine et le spectre de l’arrêt des livraisons russes, mais aussi par la volonté de l’Algérie d’ajuster les prix de son gaz livré par le gazoduc sur ceux du marché, très élevés depuis le début de la crise ukrainienne.

Avant même la brouille diplomatique, l’Algérie a fermé en novembre 2021 l’un des deux gazoducs qui la relient à l’Espagne, le GME (gazoduc Maghreb-Europe), qui traverse le Maroc, suite à la rupture des relations diplomatiques avec ce pays.

Les autorités algériennes se sont engagées à plusieurs reprises à respecter leurs engagements contractuels avec l’Espagne, mais sans plus, donnant même la préférence à l’Italie avec laquelle un accord a été signé en avril dernier pour une augmentation conséquente des livraisons de gaz.

Tout cela n’a pas été sans conséquence sur les volumes livrés à l’Espagne qui, avant même la crise actuelle, s’était tournée vers le GNL américain, faisant perdre à l’Algérie son statut de premier fournisseur du pays.

Les livraisons algériennes ont chuté de moitié sur une année

Selon l’agence Bloomberg, l’Algérie n’est même plus deuxième fournisseur de l’Espagne. Elle a été surclassée en juin dernier par la Russie, paradoxalement au moment où l’Europe voulait plus de gaz algérien pour réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Citant les chiffres de l’opérateur Enagas, l’agence américaine rapporte que les importations espagnoles en provenance de Russie ont plus que doublé en juin par rapport à mai, et constituent désormais 24 % de la demande totale de l’Espagne.

Les livraisons en provenance d’Algérie sont quant à elles tombées à 7 763 gigawatt heures contre 9 094 gigawatt heures en mai. Elles ont chuté de moitié par rapport à juin 2021 et ne représentent plus que 22 % de la demande espagnole. Les États-Unis, eux, restent le plus grand fournisseur de l’Espagne avec une part de 30 %.

Cette redistribution des cartes sur le marché espagnol du gaz est aussi la résultante de la nouvelle stratégie de ce pays qui se tourne de plus en plus vers le GNL livré par méthaniers.

Toujours en juin, la part du GNL représentait 77 % des importations espagnoles, en augmentation de 29 points par rapport à juin 2021, précise Bloomberg. Les livraisons russes sont toutes du GNL, ajoute la même source.

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