Les Algériens sont appelés aux urnes le 27 septembre pour élire les membres des assemblées populaires communales (APC) et des assemblées populaires de wilayas (APW).
La campagne électorale, qui s’achève dans trois jours, se déroule dans une atmosphère fade sans le moindre attrait, la majorité de la population lui ayant déjà tourné le dos.
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Hormis le Front des forces socialistes (FFS), les partis de l’opposition ont boycotté ce scrutin que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a qualifié de « simulacre électoral ». Les acteurs de ce scrutin sont peut-être eux-mêmes en train de confirmer ce constat.
Un discours loin de la réalité du citoyen
En lieu et place de programmes destinés à dévoiler une stratégie pour la prise en charge des doléances quotidiennes des citoyens, les différents candidats peinent à développer un discours capable de mobiliser les foules.
Même les chefs de partis qui ont accouru pour tenter de peser de leur poids sur ces élections locales n’arrivent pas à pimenter cette campagne électorale qui survient dans un contexte économique morose. Certains parlent de politique étrangère, d’autres tentent de surfer sur la vague Belmadi.
Comme si les dernières inondations avec leurs lots de dégâts et de désolation n’étaient suffisamment pas visibles pour ces partis et autres candidats indépendants pour orienter leurs discours vers des questions qui touchent au quotidien du citoyen. Un quotidien fait de pénurie d’eau, de cherté des produits de consommation, de crise du logement, de problèmes de mobilités, etc.
« Entre moi et Belmadi, il y a un point commun : il a fait sa prière dans l’avion alors que moi j’ai prié dans la rue », a déclaré Bengrina tout sourire. À l’occasion d’un meeting à Boumerdès à l’occasion des présidentielles de décembre 2019, la photo du président d’El Bina priant sur un trottoir avait fait le tour des réseaux sociaux.
Bengrina le « maçon »
Dans un meeting, le même Bengrina, désormais prêt à tout pour se faire entendre, a usé d’une métaphore en se posant comme « un maçon » animé de la volonté de construire l’Etat.
« Chacun au sein du Mouvement doit être un maçon, prendre du mortier, de la brique pour construire l’Etat algérien », a-t-il exhorté.
Le contexte géopolitique marqué par les tensions entre l’Algérie et le Maroc, est une aubaine pour des chefs de partis comme Tayeb Zitouni, SG du RND et Belaid Abdelaziz du Front El Moustakbal.
D’aucuns pourront s’interroger que vient faire une question de géopolitique dans un scrutin local, sauf peut-être à rappeler les dangers qui entourent l’Algérie.
En meeting à Bordj Bou Arreridj, le chef du RND a salué les contestations qui ont lieu au Maroc contre le Makhzen et dit caresser l’espoir de voir un système républicain être instauré à l’ouest de nos frontières.
Le président du MSP, Abderrazak Makri, a lui appelé le Parlement à relancer le projet de loi de criminalisation du colonialisme sur fond de crise diplomatique entre l’Algérie et la France. Makri insiste sur l’exigence de la repentance.
Le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, a clamé la fierté des Algériens à ne jamais se plier devant les envahisseurs. « Nous ne sommes pas des baisemain », a-t-il lancé au geste de révérence que les Marocains réservent à leur roi et auquel se soumettent dignitaires et simples sujets.
À rebours de la réalité du terrain, le SG du FLN a lui vu dans cette campagne un engouement citoyen et un engagement des militants sans faille. « Le peuple a prêté allégeance au FLN. Là où nous passons on constate un véritable plébiscite de nos listes », a martelé Abou Fadl Baadji.
Cette campagne se distingue par les nombreuses charges lancées par les partis en lice contre l’Autorité de surveillance des élections (Anie). Des attaques qui ont commencé depuis le début de la confection des listes électorales. Les partis dans leur majorité accusent l’Anie de les avoir lésés en rejetant des dizaines de dossiers de leurs candidats.
Le chef du RND a réitéré ses attaques contre l’Anie, à l’occasion d’un meeting à Biskra, l’accusant de « hogra » et de tendre à orienter le vote. Zitouni promet que le RND ne se taira pas face à « cette hogra ».
Dans le contexte de pandémie de la Covid qui semble reprendre du terrain, les meetings électoraux se tiennent dans des salles où les règles sanitaires ne sont pas respectées: ni distanciation physique et ni masque.
Sommés par l’Anie de respecter le protocole sanitaire durant leurs meetings, force est de constater que les acteurs politiques ne font rien pour. Deux (mauvais) exemples sont donnés par les partis du Mouvement pour la société de la paix (MSP) Abderrezak Makri en meeting à Laghouat et le Front El Moustakbal en campagne à Oran.