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Loi sur le séparatisme en France : l’islam politique qualifié d’ « ennemi mortel »

La France prépare une loi contre les « séparatismes », qui suscite des inquiétudes pour les risques d’amalgame et de stigmatisation de la communauté musulmane.

Dans son discours de politique générale devant le Parlement mercredi 15 juillet, le Premier ministre français Jean Castex a annoncé l’élaboration à la rentrée d’une loi contre les « séparatismes », sans faire référence à l’Islam ou aux musulmans. Le projet est présenté avec beaucoup de précautions pour éviter d’être pris comme un texte anti-islam.

« Faire un plan contre l’islam serait une faute profonde (…) Il ne s’agit pas de stigmatiser quelque religion », avait tenu à clarifier le président Emmanuel Macron quand il a fait part pour la première fois du projet en février dernier.

« Lutter contre le séparatisme sans stigmatiser les musulmans », tel était le vœu exprimé par Macron lors d’une visite à Toulouse. D’où le choix de l’intitulé « séparatismes », au pluriel, qui suppose la lutte contre tous les radicalismes.

Néanmoins, les contours du projet tel qu’esquissé déjà il y a six mois, laissent penser qu’il s’agit de lutter contre le « radicalisme islamiste » et rein d’autre.

Macron avait alors égrené tous les comportements et réflexes attribués aux musulmans radicalisés : « Dans la République, on ne peut pas accepter qu’on refuse de serrer la main à une femme parce qu’elle est femme ; dans la République, on ne peut pas accepter que quelqu’un refuse d’être soigné ou éduqué par quelqu’un ; dans la République, on ne peut pas accepter la déscolarisation ; dans la République, on ne peut pas exiger des certificats de virginité pour se marier ; dans la République, on ne doit jamais accepter que les lois de la religion puissent être supérieures aux lois de la République, c’est aussi simple que ça ».

Plus explicite, il avait annoncé des « mesures fortes » : cesser d’accueillir des « imams détachés » envoyés par d’autres pays et les psalmodieurs reçus chaque année pendant le mois de ramadan. Mais en quoi consiste le projet de loi qui sera présenté à la prochaine rentrée ?

Selon le ministère de l’Intérieur, les cellules départementales de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR) devraient être renforcées pour faire échec « aux actes qui sapent les principes constitutionnels : la liberté, l’égalité, la fraternité mais aussi la laïcité, l’égalité homme femme, l’indivisibilité de la République et l’unicité du peuple français ».

Les préfets verront aussi leurs pouvoirs renforcés pour « prévenir les défaillances républicaines » dans la gestion des services publics locaux et le contrôle des financements étrangers pour les associations religieuses sera plus drastique.

La future loi devrait aussi interdire les discriminations à l’encontre des femmes qui seraient empêchées d’entrer dans certains commerces, dans des lieux de culte et certains clubs et introduire des mesures plus efficaces pour la lutte contre la polygamie.

Quand Gerald Darmanin désigne « l’ennemi mortel »

Ce qui rend encore le texte plus suspect aux yeux de la communauté musulmane, c’est l’identité de celui qui le porte, le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, connu pour être un ex-fidèle de l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Commentant le dernier remaniement du 6 juillet, les analystes n’avaient pas manqué de relever que « 13 ans après, un sarkozyste revient à la tête du ministère de l’Intérieur ».

Dès sa première intervention publique, il s’en était pris à « l’islam politique » et le premier projet qu’il pilote est donc destiné à lutter contre le même « l’Islam politique ».

Et il ne s’en cache pas. Darmanin ne s’embarrasse pas de précautions pour désigner « l’ennemi mortel ». «  Oui l’islam politique est un ennemi mortel pour la République, oui il faut combattre toute forme de communautarisme », « nous devons être intraitables avec ce que le président de la République a qualifié de séparatisme  » et «  lutter de toutes nos forces contre l’islamisme politique qui attaque la République », déclare-t-il devant le Sénat.

Même s’il tempère ses propos en déclarant notamment « oui à des Français, quelle que soit leur couleur de peau et quelle que soit leur religion », que « la laïcité n’est pas la négation de la liberté des cultes », que son « deuxième prénom c’est Moussa » et que son grand-père « priait Allah et portait l’uniforme de la République », il n’en reste pas moins que le projet qu’il porte suscite des inquiétudes pour les risques d’amalgame et de stigmatisation qu’il fait de nouveau peser sur la communauté musulmane.

Il suscite aussi de l’incompréhension pour le fait qu’il ne semble pas faire cas de l’autre séparatisme, celui dont sont victimes les musulmans.

C’est sans doute à juste titre que le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé « à lutter avec la même détermination contre toutes les formes de séparatismes et notamment celui qui est nourri par des personnes condamnées à maintes reprises pour provocation à la haine religieuse et qui continuent malheureusement de s’exprimer librement et de déverser leur haine sur les Français de confession musulmane  ».

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