L’Organisation nationale des Moujahidine (ONM) appelle le Parlement à proposer un projet de loi sur la criminalisation des actes de la colonisation française en Algérie.
« Nous devons demander des comptes aux français. Le Parlement algérien doit proposer une loi pour exiger des compensations à la France. Nous voulons qu’il y ait une loi dans notre pays pour qualifier la colonisation française de destruction et de génocide. Ils voulaient remplacer les Algériens par la population française. C’était une colonisation de peuplement. Le Parlement doit répondre. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. L’ONM a demandé des réparations. Nous ne sommes pas des mendiants, c’est le droit des Algériens. Ils ont détruit un pays », a déclaré Mohand Ouamar Benelhadj, secrétaire général par intérim de l’ONM, dans une vidéo diffusée, ce lundi 15 juillet, sur le site de l’organisation.
Et d’ajouter : « Eux (les Français) n’ont laissé ici que des broutilles, des choses sans valeur. En contrepartie, les pieds-noirs, qui sont revenus en Algérie, réclament aujourd’hui des réparations et des compensations sur les biens qu’ils ont laissés. Ils ont même déposés plainte devant la justice contre des Algériens. Nous pouvons payer pour leurs bicoques à condition qu’ils présentent des actes de propriété authentiques de ces biens et des terrains. Nous aussi, nous allons établir un état des lieux. Des milliers de villages, de villes et de maisons ont été détruits soient par des bombardements, soit par inoccupation après les regroupements des populations (dans des camps à partir de 1956). Les gens ont été forcés de quitter leurs demeures. Il s’agit de centaines de milliers de maisons que les Français se sont partagés. Idem pour les bonnes terres agricoles ».
« En 35 ans, la moitié du peuple algérien a été décimée »
Le chiffre d’un million et demi de martyrs est, selon Mohand Ouamar Benelhadj, erroné. « Ce recensement est faux. Il y a eu plus de morts en Algérie. Il y a des algériens qui ont perdu la vie par le feu ou par le fer, d’autres de famine et d’autres en raison de maladies. Les Français disent que les Algériens étaient au nombre de six millions au début de leur occupation (à partir de 1830). En 1865, un recensement fait à l’époque de Napoléon III évoquait le nombre de trois millions d’Algériens, c’est-à-dire la moitié. En 35 ans, la moitié du peuple algérien a été décimée. Durant la colonisation française, la mortalité infantile était de 80 %, sur dix enfants né, huit mouraient », a-t-il constaté.
Il est revenu sur la loi française du 23 février 2005 sur « les bienfaits » de la colonisation. « Les Français ont évoqué dans cette loi les faits positifs de la colonisation alors que pour nous, il s’agissait de crimes coloniaux. Une occupation de 130 ans est devenue pour eux « une mission civilisatrice ». À plusieurs fois, le secrétariat de l’ONM a dénoncé cette loi mais les Français sont libres de promulguer les lois qui les arrangent en tant que colonisateurs et en tant qu’impérialistes. Il était du devoir de notre gouvernement d’actionner notre Parlement pour répondre, pas par une lettre, mais par une loi qui dit le contraire par rapport à ce qui a été sacralisé par les Français lors de leur présence en Algérie. Le monde entier connaît les crimes de la France en Algérie. Malheureusement, le Parlement algérien n’a rien fait », a-t-il regretté.
« Pour Zohra Drif Bitat, les moujahidines devaient se contenter d’écrire l’Histoire »
Mohand Ouamar Benelhadj a révélé qu’à l’époque l’ensemble du secrétariat de l’ONM, mené par feu Saïd Abdaou, s’est déplacé au siège du Conseil de la Nation où il a rencontré son président Abdelkader Bensalah ainsi qu’une quinzaine de sénateurs dont des anciens combattants de la guerre de libération nationale ou des enfants de martyrs.
« Zohra Drif Bittat, alors vice-président du Sénat, a donné quelques orientations mais n’a pas parlé de la loi française (sur « les bienfaits » de la colonisation). Pour elle, les moujahidines devaient se contenter d’écrire l’Histoire. J’ai pris la parole pour dire qu’il est devoir du Parlement de produire une loi pour répondre aux français. Après, personne n’a parlé. On nous a juste invités à prendre des boissons. Le lendemain, le SG (de l’ONM) m’a reçu pour me dire en souriant qu’on l’a contacté pour lui parler de moi et de mon intervention au Sénat. « Nous ne savions pas qu’il y avait parmi vous quelqu’un comme lui », lui a –t-on affirmé. Ils avaient omis d’ajouter « mouchawic’h » (perturbateur). L’affaire s’est arrêtée à ce niveau-là », a-t-il détaillé.
Pour lui, l’ONM ne reviendra pas sur ses revendications. « Il existe un contentieux avec la France, des comptes à régler avec les Français. Nous avons tourné la page avant eux au point d’oublier tout alors que nous ne devrions pas oublier, tout doit rester en mémoire. Il n’est pas permis d’être amnésique. Il est de notre rôle de rappeler aux algériens ce qui s’est passé dans notre pays. Ici, la France a commis des crimes. Ils parlent de « mission civilisatrice » alors que pour nous il s’agissait d’une mission destructrice. Nous l’avons dit et nous maintenons tout ce que nous avons dit », a conclu le SG de l’ONM.