La coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le Yémen, Lise Grande, s’est dit vendredi « choquée » par le raid aérien ayant visé la veille « le plus grand hôpital du Yémen » dans la ville stratégique de Hodeida, contrôlée par les rebelles Houthis.
Les forces progouvernementales, soutenues par l’aviation d’une coalition militaire sous commandement saoudien, ont lancé le 13 juin une offensive pour reprendre aux Houthis Hodeida, chef-lieu de la province du même nom, située sur la mer Rouge.
Jeudi, au moins 20 personnes ont été tuées et 60 blessées par un raid aérien sur l’entrée de l’hôpital al-Thawra et un bombardement sur le marché aux poissons de la ville, selon des médecins et des témoins.
La télévision des rebelles Al-Massirah a donné un bilan de 55 morts et 124 blessés, faisant état de « deux raids aériens » contre l’hôpital Al-Thawra et le marché aux poissons.
Les médias des Houthis ont accusé la coalition menée par Ryad.
Lors d’une conférence de presse vendredi soir à Ryad, le porte-parole saoudien, Turki al-Maliki, a catégoriquement nié toute responsabilité de la coalition dans ce raid. Il a affirmé que les opérations menées « mercredi et jeudi par la coalition avaient visé des positions distantes de 2,5 km de cet hôpital et du marché aux poisson ».
Selon lui, « les milices Houthis sont responsables » de cette attaque.
« Cela est choquant », a affirmé Mme Grande dans un communiqué. « Les hôpitaux sont protégés en vertu du droit humanitaire international », a-t-elle souligné. « Rien ne peut justifier ces pertes de vies ».
« Al-Thawra est le plus grand hôpital du Yémen et l’une des quelques structures médicales fonctionnant encore dans la région », a ajouté Mme Grande. « Il dispose l’un des plus grands centres de traitement du choléra dans la ville », a-t-elle souligné.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a présenté vendredi sur Twitter ses « condoléances au peuple du Yémen » après l’attaque. « C’est l’hôpital qu’on a le plus soutenu financièrement », a ajouté l’OMS.
Depuis l’intervention au Yémen de la coalition en mars 2015, le conflit a fait plus de 10.000 morts –dont 9.500 civils– et provoqué « la pire crise humanitaire au monde », selon l’ONU. Plus de 2.200 autres personnes sont mortes du choléra.
Pilier de cette coalition, les Emirats arabes unis, impliqués dans l’offensive avec des forces au sol, avaient annoncé début juillet la suspension de l’assaut contre la ville de Hodeida afin de donner une chance à une médiation de l’ONU.
Il est rare que la coalition mène des frappes aériennes à l’intérieur de la cité.
Le Yémen dépend des importations pour 90% de ses besoins en nourriture et 70% de celles-ci passent par Hodeida.
« La souffrance au Yémen ne s’arrête pas. Aujourd’hui encore une attaque insensée a détruit à Hodeida des familles, des espoirs et des rêves d’un avenir meilleur », a déploré jeudi sur Twitter la représentante de l’Unicef au Yémen, Meritxell Relano.
L’ONU invitera les différentes parties en conflit au Yémen à entamer des pourparlers de paix le 6 septembre à Genève, a annoncé l’envoyé spécial des Nations unies Martin Griffiths. Un responsable a indiqué vendredi que le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi y participerait. Les Houthis n’ont pas encore fait connaître leur position.