Les pays du Golfe menés par l’Arabie saoudite qui font blocus au Qatar, accusent Al Jazeera d’ingérence dans leurs affaires intérieures – notamment en donnant la parole à leurs opposants respectifs – et d’avoir encouragé les révoltes arabes de 2011.
Le rapporteur des Nations unies sur la liberté d’expression et l’organisation Reporters sans frontières (RSF) ont tous deux critiqué mercredi les pays arabes qui cherchent à obtenir la fermeture de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera.
L’Arabie saoudite et ses alliés – Emirats arabes unis, Egypte et Bahreïn – ont transmis la semaine dernière au Qatar une liste de 13 demandes pour rétablir leurs relations avec l’émirat, dont la fermeture d’Al Jazeera.
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Pour le rapporteur de l’ONU sur la liberté d’expression et d’opinion, David Kaye, une telle requête menace le pluralisme des médias au Proche-Orient.
“Cette demande constitue une grave menace pour la liberté de la presse si des Etats, au prétexte d’une crise diplomatique, prennent des mesures pour forcer la fermeture d’Al Jazeera” , estime David Kaye dans un communiqué.
“J’appelle la communauté internationale à faire pression sur ces gouvernements pour qu’ils retirent leur demande, qu’ils s’abstiennent de censurer les médias sur leur propre territoire et dans la région, et qu’ils soutiennent les médias indépendants au Proche-Orient” , ajoute-t-il.
Les quatre pays concernés accusent Al Jazeera d’ingérence dans leurs affaires intérieures – notamment en donnant la parole à leurs opposants respectifs – et d’avoir encouragé les révoltes arabes de 2011.
Dans un communiqué séparé, Reporters sans frontières dénonce un “chantage inacceptable” à l’encontre du Qatar.
“Ce chantage à la fermeture est inacceptable et masque mal une volonté délibérée de certains pays du Golfe à censurer purement et simplement les médias qataris” , déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-orient de RSF.
“Les médias ciblés doivent pouvoir exister librement sans être obligés de s’aligner sur la politique des pays voisins, qui ne sont en aucun cas aujourd’hui des modèles à suivre pour la liberté de la presse” , ajoute-t-elle.
L’Arabie saoudite et l’Egypte figurent notamment tout au fond du classement mondial de la liberté de la presse 2017 établi par RSF, ce qui leur vaut le titre peu flatteur de “prédateurs de la presse” .
Al Jazeera, dont la création en 1996 a révolutionné le paysage médiatique proche-oriental jusqu’alors dominé par les médias d’Etat, s’est défendue la semaine dernière face aux critiques des pays du Golfe et de l’Egypte en disant son attachement à la pratique d’un journalisme professionnel indépendant des gouvernements.