L’émissaire de l’ONU Ghassan Salamé a présenté mercredi sa feuille de route pour la Libye, plusieurs étapes institutionnelles avant des élections générales pour redonner un “avenir” aux Libyens.
“Il y a six ans, les Libyens se sont vus promettre une transition. Aujourd’hui, ils sont fatigués, et ils veulent sortir de l’incertitude”, a déclaré M. Salamé à l’ouverture d’une réunion de haut niveau sur la Libye, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
“Les Libyens ont trop souffert. Ils méritent la paix et de vivre en paix dans la démocratie et la prospérité”, avait déclaré avant lui le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Autour de la table, se trouvaient une dizaine de dirigeants des pays impliqués directement ou indirectement dans le casse-tête libyen, un pays totalement fragmenté et en proie au chaos depuis la chute du colonel Kadhafi en 2011.
Parmi les participants, les Européens, en première ligne dans le dossier libyen en raison de la crise migratoire et de la menace terroriste, étaient notamment représentés par le président français Emmanuel Macron, le président du Conseil italien Paolo Gentiloni ou encore la Première ministre britannique Theresa May.
Le président égyptien Abdel Fattah al Sissi, poids lourd régional très impliqué dans le conflit – l’Egypte soutient l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Haftar – était également présent.
“La Libye a de grandes possibilités et ses citoyens ont droit à un brillant avenir”, a martelé M. Salamé, avant de présenter une feuille de route élaborée depuis sa prise de fonctions en juillet et au cours de multiples déplacements et rencontres sur le terrain.
Les accords de Skhirat, signés fin 2015 sous l’égide de l’ONU, “restent le seul cadre valable”, a souligné l’émissaire de l’ONU. “Mais il y a un large consensus pour les amender”, a-t-il poursuivi, annonçant qu’il réunirait prochainement un comité chargé de modifier ces accords, qui ont abouti à l’installation à Tripoli d’un gouvernement reconnu internationalement mais très faible politiquement.
Le Gouvernement d’entente nationale (GNA) dirigé par Fayez-al Sarraj – qui était présent à la réunion – peine à établir son autorité et est contesté par un cabinet et un parlement rivaux dans l’est du pays, appuyés par le maréchal Haftar, à la tête d’une autoproclamée armée nationale du pays.
M. Salamé a ensuite annoncé, sans donner de date, l’organisation aux Nations Unies d’une conférence nationale pour réintégrer tous les acteurs “ostracisés ou marginalisés” sur l’échiquier libyen.
Selon son plan d’action, une nouvelle Constitution devrait être soumise à référendum d’ici un an et ouvrirait la voie à des élections générales dans le pays.
“Notre devoir est d’être unis derrière cette feuille de route”, a déclaré le président français Emmanuel Macron, qui avait organisé en juillet une rencontre entre les frères ennemis libyens Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar.
Jusqu’à présent, la plupart des pays ont joué cavalier seul et multiplié chacun les initiatives en Libye, mettant à mal la crédibilité onusienne.