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L’ONU réclame à Ryad la fin du blocus au Yémen, menacé de la pire famine

Le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé mercredi à la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen la fin du blocus imposé depuis lundi à ce pays, menacé de “la plus grande famine” des dernières décennies.

Lors d’une réunion à huis clos, les 15 membres du Conseil de sécurité ont exprimé “leur inquiétude” devant “la situation humanitaire catastrophique au Yémen”, a indiqué le président en exercice de la plus haute instance de l’ONU, l’ambassadeur italien Sebastiano Cardi.

Ils ont souligné “l’importance de garder tous les ports et aéroports du Yémen en état de fonctionnement”, a-t-il ajouté, en lisant des éléments à la presse approuvés par le Conseil de sécurité lors de sa réunion.

Peu avant, le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l’ONU, Mark Lowcock, avait indiqué à des médias avoir évoqué devant le Conseil le risque de “la plus grande famine” de ces dernières décennies si le blocus imposé par Ryad n’était pas levé. Cette famine pourrait faire des “millions de victimes”, a-t-il ajouté.

La fermeture des ports, aéroports et accès routiers au Yémen est le résultat d’un conflit entre l’Arabie saoudite, soutenue par les Etats-Unis, et l’Iran. Il a été déclenché par un tir de missile ce week-end de rebelles houthis yéménites pro-iraniens intercepté près de Ryad, et condamné par les membres du Conseil de sécurité.

Mark Lowcock, qui revient d’un séjour au Yémen, a ajouté avoir réclamé la “reprise immédiate” de l’aide humanitaire à la population yéménite. Il a aussi demandé au Conseil de sécurité de s’assurer qu’il n’y ait plus à l’avenir d’entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire venant de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite.

Cette coalition soutient les forces gouvernementales réfugiées dans le sud du pays dans leur guerre contre les rebelles houthis qui contrôlent la capitale Sanaa.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé mercredi le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, afin de plaider pour une réouverture immédiate des ports et aéroports au Yémen, a précisé Mark Lowcock.

– ‘Souffrances immenses’ –

La famine à laquelle fait face le Yémen n’est pas “la même que celle que nous avons connue au Soudan du Sud ou en Somalie”, a souligné le responsable de l’ONU en évoquant un drame accru. Il doit y avoir à nouveau “un accès immédiat à tous les ports” pour l’approvisionnement en carburant, nourriture et autres produits de première nécessité, a-t-il précisé.

Quinze organisations humanitaires s’étaient insurgées mercredi contre le blocus du Yémen qui entrave les opérations humanitaires dans ce pays au bord de la famine, appelant à leur reprise “immédiate” pour prévenir une “catastrophe”.

“Dans le contexte actuel de crise alimentaire aigüe et d’épidémie de choléra, tout retard dans le rétablissement de l’accès humanitaire pourrait coûter la vie à des femmes, hommes, filles et garçons à travers le Yémen”, ont souligné dans un communiqué ces organisations, parmi lesquelles Action Contre la Faim, Handicap International, Médecins du Monde, Oxfam, le Danish Refugee council et le Norwegian refugee council.

Mardi, l’ONU avait déjà appelé l’Arabie saoudite à mettre un terme à un blocus à l'”impact négatif considérable sur une situation (…) déjà catastrophique”.

La Suède, à l’origine de la convocation de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation humanitaire au Yémen, a mis en garde contre les “immenses conséquences” pour le peuple yéménite si le blocus imposé par Ryad perdurait. “Le niveau de souffrances est immense. La dévastation est presque totale. 21 millions de personnes ont un besoin d’aide humanitaire urgente”, a déclaré le représentant suédois adjoint à l’ONU, Carl Skau. “C’est la pire situation humanitaire dans le monde, sept millions de gens au bord de la famine, un enfant meurt toutes les dix minutes de maladie, presque un million de malades du choléra”, a-t-il égrené.

“La situation est extrêmement grave pour les populations affectées”, a renchéri l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre. Il faut “redonner une forte impulsion, un nouvel élan aux négociations politiques sans lesquelles il n’y a aura pas de réponse durable à la crise humanitaire”, a-t-il estimé, en soulignant la nécessité de rouvrir au plus vite le port de Hodeida (ouest) et l’aéroport de Sanaa.

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