Cela va certainement doucher bien des espoirs placés par nombre d’Algériens dans les partis d’opposition pour apporter un changement dans la gouvernance locale et, du coup, améliorer un tant soit peu les conditions de vie des citoyens.
Les vieilles habitudes de (mauvaise) gestion (bureaucratie, népotisme, etc) et autres fléaux (corruption, dilapidation du foncier, etc), ayant fleuri à l’ombre du système FLN et rendu la vie impossible aux citoyens, ont toujours la peau dure. Et pas seulement dans les localités gérées par le FLN ou son clone, le RND.
Ce qui se passe aujourd’hui à Bejaia (chaos urbanistique, violences, pratiques mafieuses…) est, à ce titre, bien illustratif. Grand fief de l’opposition, l’écrasante majorité des communes de cette wilaya ont, depuis une trentaine d’années, confié leur sort à des partis se réclamant de la démocratie et de la modernité, à leur tête le FFS et le RCD.
Le mode de gouvernance a-t-il, pour autant, changé ? Peut-être. Et les anciennes pratiques ayant grevé la dynamique du développement local ont-elles pour autant disparu? Malheureusement, non. Si de nouvelles têtes, avec de nouveaux slogans et des tonnes de promesses, ont défilé à la tête des APC de Bejaia, le quotidien des administrés de cette wilaya n’a pas connu grand bouleversement. Dans certaines communes, la situation s’est même aggravée.
D’aucuns peuvent trouver des circonstances atténuantes aux maires qui n’ont pas une grande marge de manœuvre. Ce qui n’est pas faux. Avec de faibles budgets et des prérogatives très limitées (ils sont à la merci des représentants de l’administration, walis et chefs de Daïra, qui ont entre les mains l’essentiel du pouvoir décisionnel au niveau local) , les P/APC sont, le plus souvent, livrés à eux-mêmes et réduits à gérer les affaires courantes de leurs communes. Et, dans ces conditions, même s’ils sont compétents, ils ne peuvent en aucun cas lancer de grands projets de développement et insuffler une nouvelle dynamique économique à leurs localités.
Un cadeau empoisonné le poste de maire ? Soit. Mais, les candidats de l’opposition peuvent bien, alors, se retenir de faire de grandes promesses, en sachant pertinemment qu’ils seront incapables de les tenir, au risque de se discréditer et de porter préjudice aux partis qu’ils représentent. Comme les élus des partis au pouvoir, ceux de l’opposition se fourvoient, eux aussi, dans les petits calculs électoralistes au lieu de privilégier le langage de vérité qui est leur seul planche de salut surtout que l’écrasante majorité des communes dépendent presque entièrement du budget de l’État. S’ils ne répondent pas du passif de leur commune, les élus de l’opposition sont toutefois comptables de leurs engagements électoraux et de leur gestion.
Mais les ‘’limites’’ des élus de l’opposition ne se situent pas à ce seul niveau. Prenons l’exemple de la commune de Souk El Tenine. Cette commune gérée par le FFS a enregistré début août un drame, l’assassinat d’un estivant de Oued Souf, Aissa Zoubir, par des parkingueurs aux profils de voyous. Les autorités de cette localité balnéaire auraient certainement pu s’éviter toute cette mauvaise publicité que s’est attirée leur commune si elles ont pris le problème par les cornes, en y interdisant, tout bonnement, l’exercice de cette activité, illégale de surcroit. Elles ont laissé faire et, au final, un crime sur la conscience.
Pire : on ne les a même pas entendu dénoncer l’assassinat du malheureux estivant ni présenter des condoléances à sa famille. Des petits gestes qui n’exigent pourtant pas de gros budget ni de larges prérogatives. Mais passons.
Il y a aussi le détournement du foncier et la dangereuse prolifération de hideuses constructions illicites dans de nombreuses communes de la wilaya. Au lieu d’être mis à la disposition d’investisseurs qui auraient pu y implanter des projets économiques rentables et utiles à la collectivité, des hectares de terrains sont ainsi laissés à la merci d’une faune de spéculateurs qui construisent n’importe où et n’importe comment, défigurant ainsi horriblement les paysages et le cadre de vie d’une région touristique comme Bejaia.
Les maires de ces communes, en majorité issus de l’opposition, n’ont pas besoin d’un grand pouvoir pour mettre le holà à ce massacre en règle. La loi est de leur coté, il suffit juste de l’appliquer.
On peut multiplier les exemples de ‘’manquements’’, bien réels, des élus de l’opposition. Il faut reconnaitre toutefois qu’ils se comptent sur le bout des doigts ceux d’entre eux qui versent dans la corruption ou du détournement de deniers publics. Ce qui n’est pas rien. Mais ils doivent succomber à la facilité ou à la peur. Parce qu’ils portent l’espoir d’un changement positif, les élus de l’opposition se doivent d’être à la hauteur de la confiance placée en eux par leurs électeurs.