C’est avec beaucoup de douleur et une grande tristesse que nous avons appris le décès, mercredi soir, à l’âge de 89 ans du Professeur Lahouari Abed, le père des pharmaciens algériens.
Premier universitaire algérien de rang magistral à l’indépendance, enseignant à la faculté de pharmacie d’Alger, Professeur Abed a formé presque toutes les générations de pharmaciens depuis 1962.
Professant la pharmacognosie et la législation pharmaceutique, Pr Abed avait l’art des grands maîtres de délivrer avec passion des cours magistraux de très haute tenue où la science se mêlait avec finesse à l’Histoire devant des étudiants émerveillés par son aura et son immense culture.
Professeur, mais pharmacien avant tout comme il aimait le revendiquer, Pr Abed s’est toujours impliqué dans la structuration de la profession.
De la Société algérienne de pharmacie, à la Forem puis à l’Ordre des pharmaciens, Pr Abed est resté toute sa vie un militant de la cause des pharmaciens et de la protection de la santé publique.
J’ai eu l’honneur d’être à ses côtés depuis les élections ordinales de 1999 à l’issue desquelles Pr Abed fut élu Président de cette institution qui n’existait que dans les textes et qu’il a fallu patiemment bâtir et faire reconnaître à la fois par nos consœurs et confrères, mais aussi parfois par les autorités. « Il ne faut appliquer que la réglementation et rien que la réglementation » était son leitmotiv.
L’Histoire retiendra que c’est sur cette base qu’il introduit avec succès un recours au Conseil d’État remettant en cause un arrêté du ministère de la Santé qui annulait le numerus clausus dans les critères d’installation des pharmacies d’officine.
Pr Lahouari Abed, un rôle de précurseur dans la pharmacie en Algérie
À l’issue de cette victoire incontestable pour la profession, Pr Abed répétait humblement et inlassablement que dans cette affaire, seule la santé publique avait eu gain de cause.
Expert en législation pharmaceutique avec sa présidence, l’Ordre joua pleinement son rôle de conseiller naturel des pouvoirs publics et a pu ainsi accompagner l’ensemble des réformes concernant les exercices et le secteur pharmaceutique.
Aucun passe-droit n’était permis, les élus ordinaux devaient avoir un comportement et une probité exemplaires en se référant au Code de déontologie médicale.
Professeur Abed conféra aussi à l’Ordre des pharmaciens une dimension internationale.
Fondateur et président de l’InterOrdre des pharmaciens maghrébins, vice-président de la CIOPF, membre fondateur de l’InterOrdre des pharmaciens africains et membre de l’Académie française de pharmacie… Récipiendaire de nombreux titres, médailles et distinctions maghrébines, arabes et africaines.
Au-delà du Professeur, il y a aussi l’Homme. Calme, pondéré, s’exprimant à bon escient dans les réunions officielles, préférant les écrits aux belles paroles, travailleur, méthodique, ne négligeant aucune de ses nombreuses responsabilités. Son apparence était à l’image de sa personnalité : toujours impeccable !
Accompagnant l’homme, il y a aussi son épouse, Pr Warda Abed née Benamara qui fut un soutien solide, précieux et indéfectible tout au long de sa vie familiale et professionnelle.
Au nom de l’ensemble des Pharmaciens, nous lui présentons nos condoléances les plus attristées et l’assurons de notre soutien total en cette douloureuse circonstance.
Ancien Moudjahid, Pr Abed s’est ainsi impliqué tout au long de sa vie dans la défense et la construction de son pays à travers son engagement total pour le développement d’une pharmacie algérienne à qui il a tant donné.
Aujourd’hui, ses collègues, ses étudiants, ses enfants, pleurent la disparition du doyen des pharmaciens, d’un maître, d’un père et prient Allah le tout puissant de lui accorder sa Sainte Miséricorde et l’accueillir dans son Vaste Paradis.
انا الله و انا اليه راجعون
*Président honoraire de l’Ordre des pharmaciens
SUR LE MÊME SUJET :
Décès d’écoliers en Algérie, Tunisie, manif de néofascistes à Paris…les infos à retenir