Pour sa première sortie politique depuis sa libération de prison, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT) Louisa Hanoune n’a pas manqué de se montrer très critique vis-à-vis de la situation générale du pays.
« Nous sommes devant une fermeture brutale et totale du champ politique et médiatique », a-t-elle déclaré ce vendredi dans une allocution à l’ouverture d’une session du bureau politique de son parti.
« Est-ce que le pouvoir se prépare pour l’après coronavirus en interdisant et réprimant toute éventuelle mobilisation, qu’elle soit relative aux questions sociales ou aux questions politiques ? Si c’est le cas, est-ce que le pouvoir ne regarde pas ce qui se passe dans le monde », s’interroge-t-elle.
Selon elle, la « révolution de février ne s’est pas arrêtée ». « Que le pouvoir médite ce qui se passe autour de lui ».
Louisa Hanoune s’interroge sur beaucoup de développements dont l’adoption de la LFC 2020, l’amendement du Code pénal, les arrestations et d’autres mesures décidées durant la période de confinement.
Elle enchaîne en estimant, à propos de la révision constitutionnelle, que « s’il n’y a pas de calculs politiques, de mettre le peuple devant le fait accompli, rien ne justifie la programmation de ce projet ».
« Le mouvement populaire a demandé un changement radical, non pas un recyclage du système », dit-elle. « La révision de la Constitution est en contradiction avec les revendications de la majorité, la révision vise le recyclage du pouvoir qui est décomposé, putréfié, non recyclable et qui a atteint sa date de péremption », estime Mme Hanoune.
« Pour nous c’est le même système d’avant février en dépit des changements de personnes. Le changement de système est une question de patriotisme, de sauvetage de la nation et non idéologique », ajoute-t-elle estimant que la « fin de ce système est inéluctable car il s’agit d’un processus historique ».
Refusant de « cautionner » cette opération et critiquant la disposition relative à l’intervention de l’armée en dehors des frontières, « une rupture avec notre histoire », Louisa Hanoune estime que « l’heure des comptes et de la comptabilité s’approche », allusion à la fin du déconfinement. « Comme tous les pays du monde, la colère augmente », affirme-t-elle.