La porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoun, a fait part de sa grande indignation suite à l’annonce d’une visite du prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salman (MBS) en Algérie, en la qualifiant de « mauvaise blague » et de « grosse provocation ».
« Dans un contexte charnière du pays, on annonce la visite de MBS, qui est une blague de mauvais goût et une grosse provocation. Nous joignons notre voix à celles des citoyens et journalistes qui disent qu’on ne permettra pas à BMS de souiller notre terre. Nous préviendrons contre cette dérive et cet aventurisme », assène-t-elle lors d’une conférence de presse animée aujourd’hui au siège de son parti à El Harrach (Alger).
Et de tailler en pièces le régime saoudien qu’elle a qualifié de tous les noms d’oiseaux en le traitant même de « barbarie pure et simple, qui n’a rien à envier à ce que faisait Hitler et aux pires dictatures qui utilisent les pires méthodes » mais aussi de « bourreau du peuple yéménite » et de « protecteur des sionistes » qui massacrent les Palestiniens.
« En plus de l’affaire du journaliste Khashoggi, (…) ce régime obscurantiste et assassin nous a asséné un coup en cassant le consensus au sein de l’Opep sur la baisse de la production de pétrole pour plaire à Trump », s’est-elle emportée.
Commentant le communiqué du ministère des affaires étrangères sur l’affaire Khashoggi, Mme Hanoun a refusé catégoriquement qu’il ne soit attribué à l’État et au peuple algérien.
« Il n’engage que son auteur », assène-t-elle. « Un mois et demi après l’assassinat horrible du journaliste Khashoggi, voilà que le ministère des affaires étrangères de notre pays prend position et condamne fermement l’assassinant mais tout en précisant qu’ils ont confiance en la justice saoudienne. C’est une aberration que de déclarer cela. Et en même temps, cela soulève des questions et des interrogations ».
« Pour ce qui est des relations bilatérales, l’Arabie saoudite est très loin de nous. Nous n’avons même pas à les craindre. On n’a pas à craindre une agression de la part de l’Arabie saoudite. Je plains les pays voisins comme le Yémen qui est en train de payer cette proximité et ce voisinage. De quoi a-t-on peur ? Pourquoi avoir attendu un mois et demi pour réagir à cette horreur », s’est-elle interrogée.
Pour Mme Hanoune, la publication du communiqué peut être un ballon de sonde des autorités pour voir la réaction des Algériens à la visite de BMS comme elle n’écarte pas l’hypothèse que le communiqué vise plutôt à dissuader le prince saoudien de venir « salir et souiller » le sol algérien.
« Nos destins sont diamétralement opposés. Notre destin est avec les pays maghrébins en général et nos voisins marocains et tunisiens en particulier, du fait de la géographie, de l’histoire et de l’identité », estime-t-elle.
Que pense-t-elle justement de l’appel du Roi du Maroc aux Algériens pour engager un dialogue ? « Le Roi du Maroc a lancé une invitation pour un débat sans conditions et sans tabous avec les autorités algériennes. La réponse algérienne par une réactivation des structures de l’UMA , avec une rencontre des ministres des affaires étrangères des pays maghrébins, c’est bien. On a pris acte. Mais la diplomatie algérienne nous a habitués par le passé à répondre, avec force, à toutes les situations. Le sujet ne concerne pas seulement l’UMA mais d’ouvrir un dialogue entre les dirigeants des deux pays, l’Algérie et le Maroc », a remarqué Mme Hanoun.
Et de poursuivre : « Nous n’avons pas compris, jusqu’à l’instant, le silence de la diplomatie algérienne. Car on est condamné à vivre côte à côte. Il est dans notre intérêt, dans ce contexte international, de régler les problèmes qui se posent à nous. L’union maghrébine n’a jamais été une organisation des peuples. Nous, nous militons pour une union maghrébine des peuples ».