Louisette Ighilahriz, moudjahida et sénatrice démissionnaire, a affirmé, ce dimanche 21 octobre dans un entretien à TSA Arabi, qu’« un groupe parle au nom du président Bouteflika et gère le pays ».
« Je ne peux pas affirmer que le président Abdelaziz Bouteflika se présentera pour un nouveau mandat aux présidentielles de 2019 car sa voix ne se fait plus entendre et il n’a toujours pas annoncé sa position. Mais ce qui m’énerve c’est d’entendre des personnes parler en son nom », a-t-elle ajouté.
« Ils n’ont pas honte de dire que telle ou telle chose a été faite sur ses instructions. Qui sont-ils pour parler en son nom ? », s’est insurgée la grande moudjahida au lendemain de sa démission du Conseil de la Nation pour notamment protester contre la perspective d’un cinquième mandat de Bouteflika qui se profile à l’horizon.
« Ce qui compte, c’est que j’ai transmis ma démission en tant que membre du Conseil de la Nation désignée dans le tiers présidentiel à son président, Abdelkader Bensalah, hier 20 octobre, et c’est une décision à travers laquelle j’exprime mon refus du cinquième mandat », a insisté Mme Ighilahriz.
Le souhait d’Abdelaziz Bouteflika est, selon Louisette Ighilahriz, que le flambeau soit passé aux nouvelles générations et que la génération qui est actuellement au pouvoir s’écarte. « Il a clairement dit ‘’notre génération est finie’’ et il voulait dire par là qu’il faut donner aux nouvelles générations la chance de gérer le pays en lui transmettant le flambeau et ceux qui parlent au nom du président doivent agir en accord avec cette idée », a-t-elle rappelé, faisant référence au discours qu’a prononcé Bouteflika le 8 mai 2012 à Sétif.
Une idée à laquelle tient la moudjahida. « Nous sommes une génération qui a donné ce qu’elle a pu et qui a fait l’impossible pour libérer le pays du colonialisme français et aujourd’hui est venu le tour de la nouvelle génération de développer ce pays », a-t-elle affirmé.
Une décision mûrement réfléchie
La décision de Louisette Ighilahriz de démissionner du tiers présidentiel du Sénat est mûrement réfléchie et nullement tardive, selon elle. « Ma démission n’est pas du tout tardive. Les principes ne sont pas liés à des délais précis. J’ai passé deux ans au Conseil de la Nation et il me reste encore quatre ans pour compléter mon mandat mais j’ai décidé de tout laisser et de retourner chez moi, loin de toutes ces décisions qui sont prises », a-t-elle expliqué, avant d’ajouter : « Ne croyez pas que j’étais d’accord avec ce qui se passait ces dernières années mais j’ai décidé de patienter avant de révéler ma position définitive. J’ai longuement réfléchi et j’ai cherché où résidait le problème pour que ma décision ne soit pas trop hâtive ».
La grande moudjahida dit être « une femme de principe » qui « a son poids dans la société », deux éléments qui devaient, selon elle, être pris en compte avant de prendre une décision.
Bouhadja doit s’accrocher à son poste
La militante FLN et désormais ex-sénatrice porte un regard très critique sur les actions des députés de la majorité, qu’elle a qualifiées de « députés des 10% », pour destituer le président élu de l’APN, Said Bouhadja. Pour elle, ces députés violent la Constitution et la loi d’une façon « qui a fait de l’Algérie la risée du monde entier ».
« Said Bouhadja est un moudjahid connu qui n’a ni volé ni menti pour qu’il laisse son poste à ces individus qui se comportent comme des enfants de la rue et non comme des élus », a réagi Louisette Ighilahriz qui conseille à Bouhadja de « résister, de s’accrocher à son poste et de ne pas satisfaire leurs demandes ».