Société

Lourd réquisitoire contre l’ex Président de la JSK, Cherif Mellal

Le procès de Cherif Mellal, ex-président de la JSK, a eu lieu ce dimanche au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger.

En détention depuis le 19 janvier dernier à la prison d’El Harrach, Cherif Mellal est poursuivi sur la base de l’article 79 du Code pénal. Cet article dispose que « quiconque […] a entrepris, par quelques moyens que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire national, est puni d’un emprisonnement d’une durée d’un à dix ans et d’une amende de trois mille (3.000) DA à soixante-dix mille (70.000) DA […] ».

Initialement retenue contre lui, l’accusation d’appartenance à une organisation terroriste, en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, a été abandonnée.

Au cours du procès sur cette affaire qui s’est ouvert ce dimanche, la juge a essentiellement interrogé Cherif Mellal sur des photos qu’il a prises en compagnie de militants présumés du MAK (mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), classée organisation terroriste en Algérie en mai 2021.

Il a été interrogé sur un tweet de Ferhat Mehenni, président du MAK, et dans lequel il avait dénoncé la destitution de Cherif Mellal de la présidence de la JSK en septembre 2021.

Elle l’a interrogé également sur des propos à une chaîne de télévision dont elle n’a pas cité le nom, considérée comme proche du MAK, lors d’une conférence de presse tenue en juillet 2021 à Cotonou au Bénin à l’occasion de la finale de la coupe de la CAF.

« J’ai parlé du football et je ne suis dans aucun parti politique ; c’est un acharnement contre ma personne. La JSK est un symbole du patriotisme. C’est elle qui avait donné de la joie aux Algériens durant la décennie noire », a d’emblée lancé Cherif Mellal, amaigri, et quelque peu remonté.

Irritée alors qu’elle n’avait pas encore fini d’égrener les questions, la juge invite Cherif Mellal à se calmer. « C’est une conférence de presse au Bénin. Il y avait des télévisions du monde entier, je me suis adressé à tous les journalistes, je suis une personnalité sportive », a poursuivi Mellal avant de souligner, plus loin, qu’il n’était pas censé savoir « l’identité des personnes lorsqu’il lui arrivait de prendre des photos avec les gens ».

Procès de Cherif Mellal : le procureur requiert une lourde peine

« Je suis président d’un grand club, les gens me demandent de prendre des photos avec eux et je le fais volontiers. J’ai même pris des photos ici au tribunal avec des gens que je ne connais pas », s’est-il défendu.

« Est-ce que vous vous êtes déplacés à la chaîne ? », interroge un des avocats de la défense. « Non, c’est une conférence de presse ». Il précise même qu’il ne savait pas si la chaîne en question « était du MAK ».

« Votre intervention a tourné sur quoi et les questions de la chaîne avaient-elles un caractère politique ? », relance une autre avocate de la défense. « Pourquoi parler politique, c’est un événement sportif, c’est une finale de coupe d’Afrique ».

À une autre question sur la nature de ses relations avec Malik Azlef et Djaffar Ait Mouloud, dirigeants de la JSK, qui auraient témoigné à charge contre lui, Cherif Mellal a affirmé qu’ils étaient incommodés par le changement du mode de gestion qu’il a imprimé au club.

« Ce sont des associés, ils ne s’entendaient pas avec moi, car j’ai changé le mode de gestion et rendu le club proche des supporters ; ils ont des divergences avec moi », a répondu Cherif Mellal.

Dans leurs plaidoiries, les avocats ont notamment relevé que les photos montrant Cherif Mellal avec des membres présumés du MAK ont été puisées des réseaux sociaux et non pas de son téléphone cellulaire.

« Aussi, Cherif Mellal n’a jamais répondu au tweet de Ferhat, lequel n’évoquait même pas la prétendue appartenance du Président de la JSK à cette organisation », relève un autre avocat.

« Donnez-nous une seule preuve de sa proximité avec Ferhat ! on ne peut pas le condamner sur des déductions », soutient un autre avocat en exhibant des photos, mais qui n’ont pas été versées dans le dossier, montrant Cherif Mellal avec des Moudjahidine et le Premier ministre.

Le procureur de la République a requis ce dimanche une peine de 5 ans de prison ferme contre Cherif Mellal qui, en guise de dernier mot, a clamé son innocence et réclamé l’acquittement ainsi que sa réhabilitation.

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