L’Union européenne (UE) envisagerait l’idée d’établir des centres de traitement de migrants en Afrique du Nord avec l’objectif de dissuader les personnes de risquer leur vie dans une traversée périlleuse de la Méditerranée, rapporte le quotidien britannique The Guardian.
Le Conseil européen « soutient le développement du concept de plateformes régionales de désembarquement », indique la version initiale des conclusions d’un sommet de l’UE prévu pour la semaine prochaine. L’UE souhaite notamment étudier la faisabilité de la mise en place de tels centres en Afrique du Nord, d’où la majorité des migrants débutent leur traversée vers l’Europe.
« De telles plateformes devraient permettre un traitement rapide visant à distinguer les migrants économiques de ceux nécessitant une protection internationale, et réduire l’incitation à entreprendre une traversée périlleuse », affirme le document cité par la même source.
Le ministre des Finances de la France, Bruno Le Maire, a appelé à établir « un nouveau projet européen » pour la migration, prévenant que l’Europe était « dans un processus de désintégration. Nous voyons de nombreux États se tournant vers l’intérieur, essayant de trouver des solutions nationales nécessitant des solutions européennes ».
Bien que le projet semble avoir obtenu des soutiens de taille, des questions demeurent pour savoir comment l’UE pourrait convaincre des pays étrangers de devenir des « États vassaux ». Il n’est également pas clair comment la proposition du document de l’UE pour des « plateformes régionales de désembarquement » fonctionnerait, ni même l’endroit où ces plateformes seraient établies.
La directrice du think-tank Migration Policy Institute de Bruxelles, Elizabeth Collett, a estimé que l’actuelle proposition est une « version édulcorée » des propositions austro-danoises appelant à ce que les arrivées en Europe soient renvoyées à leur point de départ afin de traiter leurs demandes. « Ce qui a clairement changé est le degré de soutien politique pour la proposition », a-t-elle expliqué.
« Cela semble très bien théoriquement, mais pourront-ils faire accepter l’idée à des pays en dehors d’Europe qui deviendront de fait des États vassaux ? », s’est interrogé l’experte, citée par The Guardian. L’autre problème concerne la nécessité que ces centres répondent aux standards de l’UE, a analysé Elizabeth Collett.
« Les conditions, le traitement, tous les éléments nécessitant un haut niveau de savoir et qui sont déjà difficiles à gérer au sein de l’UE, représenteront de grands défis », a-t-elle indiqué. Le plan semble néanmoins avoir le mérite d’unir les pays européens sur la question migratoire, un sujet où les divergences sont profondes au sein de l’UE.