Économie

L’Union européenne a compris « l’importance stratégique » de l’Algérie

L’Union européenne (UE) a annoncé en juin dernier l’engagement d’une procédure d’arbitrage contre l’Algérie mais il semble que les deux parties aient opté pour une autre voie pour résoudre leur litige commercial, celle des consultations.

L’Algérie et l’UE envisagent d’entamer des consultations techniques en ce mois de novembre 2024 pour renégocier l’accord d’association qui date de 2005, a fait savoir à l’agence EFE le nouvel ambassadeur européen en Algérie, Diego Mellado, vendredi 1er novembre. 

“Il y a un engagement clair” à Bruxelles pour une relation stratégique avec Alger en tant que “partenaire fiable”, a déclaré le diplomate qui a présenté ses lettres de créances il y a une dizaine de jours au président de la République Abdelmadjid Tebboune. 

Le 14 juin dernier, la commission européenne avait annoncé l’ouverture d’une procédure d’arbitrage à l’égard de l’Algérie à laquelle étaient reprochées les mesures prises pour rationaliser les importations et réglementer les investissements.

La commission avait cité les licences d’importation “ayant des effets équivalents à une interdiction d’importation”, l’exigence de l’utilisation de pièces fabriquées localement pour les constructeurs automobiles, ainsi que le plafonnement de la participation étrangère dans le capital des entreprises algériennes d’importation de biens.

“La procédure ouverte prévoit un arbitrage, mais nous n’en sommes même pas à cette phase, mais plutôt dans une première étape d’échange où le point de vue européen peut être expliqué et les arguments des Algériens peuvent être expliqués”, assure l’ambassadeur de l’UE.

Une délégation de l’UE entamera à Alger des négociations sur ce différend dans les prochaines semaines, a-t-il précisé.

L’Algérie tient aussi des griefs contre l’Europe, concernant notamment l’accord d’association signé en 2002 et qui est jugé déséquilibré par Alger. 

L’accord “n’a pas permis à l’Algérie la diversification commerciale” et, bien qu’il soit “très favorable” si l’on inclut les hydrocarbures dans la balance commerciale, “il y a des déséquilibres avec le reste des marchandises”, a reconnu Diego Mellado. 

L’Algérie et l’UE optent pour la négociation pour aplanir leur différend commercial 

Le diplomate tient un discours positif depuis son arrivée dans la capitale algérienne. 

“J’ai trouvé un président très intéressé par l’Union européenne, très conscient de l’importance de cette relation tant pour l’Algérie que pour l’UE”, a-t-il déclaré à l’issue de sa réception par le président Tebboune auquel il a présenté ses lettres de créances lundi 21 octobre. 

“Très heureux de débuter ma mission en tant qu’Ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, avec la volonté de renforcer nos liens, déjà très forts, et de bâtir ensemble de nouveaux projets communs”, a appuyé l’ambassadeur sur X, le 28 octobre.

https://twitter.com/ambuealgerie/status/1850932543463547137?s=46

Mellado à aussi reconnu que l’UE a “pris conscience” depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine de “l’importance stratégique” de l’Algérie et “surtout de sa fiabilité en tant que partenaire énergétique”.

L’ambassadeur a indiqué  qu’un nouveau commissaire dédié exclusivement à la Méditerranée sera nommé d’ici au 1er décembre. “Cela nous permettra de renforcer la relation avec l’Algérie et les pays de la région, dans un nouveau cadre. Les Algériens ont réalisé qu’ils devaient jouer un rôle beaucoup plus important”, a-t-il dit.

Selon Mellado, il faut repenser la géopolitique européenne et les cadres historiques d’associations pour relancer la compétitivité, l’économie et la sécurité stratégique dans le contexte instable actuel. Dans ce nouveau pacte, l’UE aura le regard tourné vers ses voisins les plus proches, comme l’Algérie, prévoit-il. 

L’ambassadeur reconnaît en outre en l’Algérie “un acteur fondamental” face à la situation au Sahel, étant la principale puissance régionale, disposant d’un gros budget de défense et ayant un bon contrôle de ses frontières.

Diego Mellado insiste particulièrement sur l’approche pacifique de l’Algérie et son engagement pour le développement du Sahel pour lequel elle a alloué un fonds de 1 milliard de dollars. 

C’est, pour le diplomate, le moment idoine pour “collaborer et avoir des actions communes avec l’Algérie au Sahel”, indiquant que l’UE cherche également à accompagner l’Algérie dans la gestion de la crise migratoire. 

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