En Algérie, après avoir enregistré un record historique de 2521 cas de Covid-19 mardi 25 janvier, le nombre de contaminations est repassé sous la barre des 200 cas en 24h. Ce mardi 22 février, 164 nouveaux cas ont été officiellement recensés ces dernières 24 heures, selon le bilan du ministère de la Santé.
“Nous sommes en pleine décrue. C’est clair. La situation s’est nettement stabilisée et améliorée. La pression est tombée à des niveaux gérables et acceptables”, a déclaré à TSA ce mardi 22 février le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).
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Une amélioration de la situation sanitaire qui pose la question du maintien des mesures mises en place dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Faut-il lever les restrictions et abandonner progressivement les mesures barrières ?
“Il faut être prudent et attendre quelques semaines ou quelques mois pour éventuellement penser à prendre ce type de décision”, a répondu le Dr Merabet.
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Selon lui, le faible taux de couverture vaccinale à l’échelle nationale empêche la levée des mesures barrières anti-Covid. “Selon les chiffres avancés par le ministère de la Santé, nous sommes aux alentours de 30% de la population vaccinée. C’est un taux très faible sachant qu’au départ, l’objectif était de vacciner 70% de la population avant la fin de l’année 2021”, a-t-il dit. Pour le Dr Merabet, tant que cet objectif ne sera pas atteint, hors de question d’abandonner les gestes barrières.
“D’autres pays sont arrivés à vacciner 70% de leur population. Ils pensent maintenant à lever les mesures barrières y compris le pass sanitaire d’ici le mois de mars prochain. D’autres l’ont déjà fait, comme en Angleterre, en Espagne, en Suisse. Mais dans ces pays, ils ont atteint largement les objectifs de la vaccination. En Algérie, nous sommes dans une situation qui est complètement différente”, a souligné le président du SNPSP.
Autre argument avancé par Dr Merabet pour justifier l’importance du maintien des gestes barrières : ces derniers “ne sont pas trop gênants”.
“Je ne pense pas que les citoyens algériens soient gênés par ces mesures (protocoles sanitaires). Il y a une situation de laxisme général. Beaucoup de citoyens ne respectent pas les mesures. Les autorités chargées de mettre en place les protocoles et veiller à leur application ainsi qu’à leur respect font preuve de beaucoup de largesse et d’hésitation. Nous n’avons pas été dans la rigueur et la coercition. De ce fait, je ne pense pas que nous soyons dans la gêne”, a estimé le président du Syndicat des praticiens de la santé publique.
“Nous avons relégué au deuxième plan les autres pathologies”
Pour le Dr Merabet, l’urgence est à la reprise des activités médicales et chirurgicales, après le report, voire l’annulation, de certaines d’entre elles, pendant de longs mois en raison des dispositifs mis en place et de la réquisition des différents services au niveau des hôpitaux dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19.
“Il faut revenir à la prise en charge des autres pathologies. C’est notre devoir”, a soutenu le praticien de santé publique. « On devait le faire depuis le début. Nous nous sommes mal organisés. Au nom du syndicat, nous avons toujours déclaré que, dans le cadre de l’organisation de cette lutte contre la pandémie, il aurait fallu penser aux autres malades et penser à la continuité des soins”, a-t-il ajouté.
Le président du Syndicat des praticiens de la santé publique déplore une mauvaise organisation dans la lutte contre la pandémie en Algérie. Face au satisfecit des autorités, le Dr Lyes Merabet révèle la face cachée de la lutte contre la pandémie de Covid-19.
“Il faudrait assurer dans le secteur public mais aussi dans le secteur privé les moyens, les outils et l’organisation, à travers des plannings de travail, qui puissent permettre et offrir aux malades et à leurs familles les moyens de continuer à être explorés, traités et pris en charge. Nous ne l’avons pas fait. A chaque fois, nous avons été contraints de suspendre et geler des activités, notamment les activités chirurgicales, mais aussi beaucoup d’activités liées à l’exploration”, a regretté le spécialiste.
“Des malades cancéreux ont vu leur prise en charge reportée en raison des désagréments causés par notre organisation. Une organisation biaisée. Nous avons mis le paquet par rapport à la mobilisation des personnes, à la réquisition des services et activités autour de la pandémie et nous avons relégué au deuxième plan les autres pathologies”, a déploré le Dr Merabet.
Le président du SNPSP a pointé du doigt un certain manque de coordination entre le secteur public et privé. “Il y a une incoordination entre le service public et privé. Nous aurions dû utiliser les moyens du service privé pour au moins aider à soulager les malades et à soulager les programmes qui étaient en attente par rapport aux interventions chirurgicales, aux explorations et à beaucoup d’autres pathologies”, a déclaré le spécialiste.
Le retard pris sur les interventions chirurgicales non urgentes peut-il être rattrapé, maintenant que la situation sanitaire s’est améliorée ? “Nous ne pouvons pas rattraper le retard. Ce n’est pas possible. Ce sont des malades qui compliquent. Des malades qui pouvaient être programmés à froid. Aujourd’hui, peut-être que cela relève de l’urgence. Nous avons perdu des malades qui n’avaient rien à voir avec le Covid. Ce sont des malades qui ont compliqué parce qu’ils souffraient d’autres pathologies. Ils n’ont pas été pris en charge”, a déploré le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique.