La grève des magistrats, qui entame ce 30 octobre son quatrième jour, « favorise la campagne de lutte contre la corruption et ne la freine en rien », estime Saâdeddine Merzoug, porte-parole du Club des magistrats, un syndicat en voie de constitution.
Dans une déclaration à TSA Arabi, M. Merzoug réfute également l’approche selon laquelle la lutte contre la corruption « est réduite uniquement à la personne du ministre de la Justice ».
Il considère que « la grève des magistrats, même si elle tourne en partie autour de revendications sociales, ne favorise pas moins l’idée de lutte contre la corruption ». Et de préciser : « donner des incitations financières pour le juge va conserver sa dignité et efface les disparités salariales entre les différents grades et fonctions (…) ».
Le porte-parole du Club des magistrats estime que « l’approche telle qu’elle est posée en vue de combattre la corruption est stérile et peut amener à changer des personnes (…) mais ne touche pas le système de la corruption qui a pris des racines du bas de l’échelle jusqu’aux plus hauts niveaux ».
Pour M. Merzoug, la lutte contre la corruption « demande la conjugaison des efforts de toutes les personnes dotées de bonnes intentions au sein des institutions de l’État et en dehors, à commencer par l’organisation de la vie politique et l’indépendance des institutions de lutte contre la corruption, la liberté d’expression, la réforme des lois de la fonction publique et la révision de la loi régissant la profession ».
Saâdeddine Merzoug relève qu’ « il était plus approprié aux différents ministres qui se sont succédé à la tête du secteur de la Justice, du moins durant les 20 dernières années, d’Ouyahia à Zeghmati, en passant par Louh et Chorfi, de travailler à l’amélioration de la situation sociale des juges pour lutter contre la corruption dans le secteur, avant de s’attaquer à la lutte contre la corruption dans son acception populiste comme c’est le cas actuellement ».
Sur un autre plan, le porte-parole du Club des magistrats a critiqué le refus des sénateurs de lever l’immunité parlementaire de deux de leurs collègues « sous prétexte de la grève des magistrats ».
Il considère que la justification des sénateurs vise à « leurrer l’opinion publique et pour couvrir l’absence de responsabilité et d’éthique politiques ».
M. Merzoug appuie son propos en rappelant que « les membres du même parlement ont récemment refusé de lever l’immunité parlementaire d’un député de la wilaya de Bordj Bou Arreridj alors même que les juges exerçaient leurs fonctions de manière ordinaire ».