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Lutte contre la corruption, un historique « manque » de sérieux

Lutte contre la corruption, un historique « manque » de sérieux

Depuis les années 1980, la lutte contre la corruption en Algérie n’a jamais été menée jusqu’au bout, et a souffert d’un manque de sérieux de la part de la justice et d’absence de volonté politique de la part des tenants du pouvoir.

Les dossiers sont ouverts sous pression des événements avant d’être renfermés par les tribunaux. Des dossiers qui atterrissent souvent dans les archives. L’opinion nationale se rappelle encore qu’en août 1983, la Cour des comptes a publié un arrêt sur Abdelaziz Bouteflika et sur sa « gestion » en tant que ministre des Affaires étrangères.

Il a été accusé d’avoir « détourné » les trésoreries de certaines ambassades pour les verser dans deux comptes privés. Cet arrêt n’a pas été suivi d’enquête.

À son retour au pouvoir, en 1999, Bouteflika s’est vengé de la Cour des comptes en la marginalisant et en réduisant ses magistrats à de simples fonctionnaires sans prérogatives et sans voix.

Durant les vingt ans de Bouteflika, la Cour des comptes n’a rien pu faire pour enquêter sur les malversations, le gaspillage et les surfacturations. Durant les années 1990, des affaires de corruption ont été citées par la presse, des coupables traduits en justice, puis plus rien.

Plusieurs dossiers ont été classés sans suite, comme les affaires des 26 milliards, de la Chambre de Commerce et de la farine poisson. Les violences intenses des années 1990 et la peur généralisée dans le pays ont fait passer la lutte contre la corruption au second plan. La justice était presque complètement « engagée » dans la lutte contre le terrorisme et la subversion. Dans le brouillard de cette situation, des fortunes sont amassées de la part notamment de « petits seigneurs » de la guerre qui n’ont jamais été inquiétés. Impunité totale !

« Règlements de comptes »

En mai 1992, quelques mois après l’arrêt du processus électoral, le général-major Mostefa Beloucif, admis à la retraite à 47 ans, est condamné à douze ans d’emprisonnement par le tribunal militaire de Blida pour « détournement de fonds » et pour « avoir puisé dans la caisse militaire ».

Sa condamnation est intervenue après « un rapport des généraux », établi par des hauts gradés diront Abdallah Belhouchet, Lakhal Ayat et Khaled Nezzar. Sa villa a été confisquée et sa famille expulsée. La famille avait parlé de « règlements de comptes » politiques. Libéré des années après par le général Liamine Zeroual, Beloucif a été « réhabilité » par le ministère de la Défense après sa mort.

Dans les années 2000, les affaires de corruption, avec l’arrivée au pouvoir de Bouteflika, prennent une forme plus intense surtout avec l’amélioration de la conjoncture pétrolière et le lancement de plusieurs projets d’équipement public. La presse a commencé à s’intéresser à des dossiers de corruption, sans être suivi par la justice.

Ghoul, Belaïz, Khelil et les autres

Des hommes d’affaires proches de l’entourage du président Bouteflika ont profité de « la commande publique » et des pots de vin étaient devenus légion dans les projets importants dans les secteurs des travaux publics, de l’énergie et de l’habitat.

L’éclatement de l’affaire Khalifa ou la création d’une vraie fausse banque privée pour « attirer » l’argent public pour le détourner vers l’étranger n’a pas mis fin aux scandales.

Des noms de hautes personnalités ont été cités par les médias mais jamais convoqués par les procureurs ou poursuivis réellement comme les anciens ministres Chakib Khelil, Tayeb Belaiz, Amar Ghoul et Abdesselam Bouchouareb.

La justice n’a traité que partiellement et superficiellement l’affaire Sonatrach ou l’affaire de l’autoroute Est-Ouest. A un moment donné, les milieux proches du pouvoir voulaient faire croire que les dossiers de la corruption apparaissaient – à partir de 2010 notamment-, en raison « d’un conflit » entre la Présidence de la République et le DRS, ex-Sécurité militaire.

La lutte contre la corruption n’était plus une question de défense des intérêts économiques de la Nation ou de récupération d’argent et de biens volés, mais une question politique, « une lutte de clans ».

Résultat : les fonds détournés n’ont jamais été restitués à la communauté nationale. Selon plusieurs organisations internationales, l’Algérie aurait perdu au minimum plus de 50 milliards de dollars en corruption, commissions et rétro commissions durant les quinze dernières années. Les différents organismes installés durant cette période par Bouteflika pour combattre la corruption n’ont réglé aucun dossier ni récupéré aucun dinar ! Le pouvoir s’est toujours attaqué aux symptômes de la corruption, une maladie qui ronge le pays depuis des décennies.

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