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Lutte contre l’immigration : la méthode Meloni, mode d’emploi

Rome a accueilli, ce dimanche 23 juillet, une rencontre au sommet consacrée à la lutte contre les flux migratoires en Europe, avec la participation de plusieurs pays dont l’Algérie.

La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, qui a contribué à arracher un accord avec la Tunisie moyennant des aides financières, veut généraliser sa méthode, appelée le « processus de Rome ».

En plus de la présidente du Conseil italien, les présidents tunisien Kaïs Saïed, mauritanien Mohamed Ould Ghazouani et émirati Mohammed ben Zayed ont pris part à la rencontre, tandis que l’Algérie, l’Égypte, la Libye, Malte, l’Éthiopie, le Liban, la Jordanie et le Niger se sont fait représenter par leurs Premiers ministres.

Des représentants de l’Arabie saoudite, de la Turquie, de la Grèce et du Koweït étaient également présents, aux côtés d’Ursula von der Leyen et Charles Michel, respectivement présidente de la Commission européenne et président du Conseil européen.

À noter l’absence des hauts responsables, deux pays clés de l’équation migratoire en Méditerranée, le Maroc et l’Espagne. Depuis plus d’une année, le royaume nord-africain fait le nécessaire pour réduire les départs de migrants vers les côtes ou les enclaves espagnoles, au prix d’un marchandage sur la position de l’Espagne vis-à-vis de la question du Sahara occidental.

La réduction des arrivées de migrants clandestins sur le sol italien est l’une des promesses électorales de Giorgia Meloni qui menait une coalition d’extrême-droite.

La majeure partie des arrivées sur la péninsule et ses îles (Sicile, Sardaigne) se faisant à partir des côtes tunisiennes et libyennes, c’est avec la Tunisie que la Première ministre italienne a commencé son offensive.

Après avoir échoué à convaincre seule le président tunisien le 6 juin dernier, elle a décidé de jeter la patate chaude à l’Union européenne en revenant à Tunis une semaine plus tard, accompagnée du Premier ministre néerlandais et de la présidente de la Commission européenne.

Kaïs Saïed a fini par céder après avoir, dans un premier temps, signifié que son pays refusait de faire le gendarme pour l’Europe. L’accord trouvé prévoyait que la Tunisie déploie plus d’efforts dans la lutte contre les départs de migrants en contrepartie d’une aide financière immédiate de 150 millions d’euros et une promesse de prêts de 900 millions d’euros. L’accord a été signé la semaine passée.

Migrations illégales : l’Algérie expose sa vision à Rome

La conférence, de ce dimanche 23 juillet à Rome, porte justement sur le développement et les migrations, ce qui laisse deviner que son objet est la généralisation du modèle de l’accord trouvé avec la Tunisie.

Du reste, Meloni l’a souligné dans son allocution à l’ouverture de la rencontre : il faut, selon elle, « une large coopération pour soutenir le développement de l’Afrique, et particulièrement des pays de provenance », faute de quoi, « tout ce que nous ferons sera insuffisant ».

Meloni a compris cela après avoir constaté les limites de la politique des entraves faites aux bateaux de migrants par ses propres garde-côtes.

Près de trente ans après le « processus de Barcelone », qui n’a pas tenu toutes ses promesses, l’Italie lance le « processus de Rome », symbole d’une Europe qui se cherche encore concernant sa relation avec la rive Sud de la Méditerranée.

Les intérêts actuels de l’Europe sont centrés sur l’énergie avec les retombées de la crise ukrainienne et le contrôle des flux migratoires. La véritable aide au développement se fait toujours attendre.

L’Algérie a été représentée à la conférence de Rome par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane. Celui-ci a expliqué, dans un discours lu au nom du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, que l’Algérie n’est plus un pays de départ ni même de transit, mais est devenu, de par sa situation géographique, son développement économique et sa stabilité, un pays de destination des migrants qui choisissent de s’y installer, soulignant que les flux de migrants vers l’Algérie ont atteint des niveaux sans précédent.

Dans son message, le président de la République a mis en garde que le phénomène risque de prendre encore plus d’ampleur si des mesures adéquates ne sont pas prises.

Le chef de l’État a plaidé pour la recherche de solutions globales qui garantissent la stabilité et encouragent la dynamique de développement et la création d’emplois dans les pays d’origine.

Il faut élever le niveau des contributions au développement apportées aux pays du Sud dans le cadre de la coopération nord-sud, en plus de la lutte contre les réseaux de trafic d’êtres humains, a indiqué Benabderrahmane au nom du président Tebboune.

L’Algérie redouble d’efforts pour asseoir la stabilité et la paix en Afrique et faire face aux défis sécuritaires, de même qu’elle a consacré récemment un milliard de dollars pour le développement de certains pays africains, a-t-il rappelé.

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