L’Algérie a renoué en ce chaud dimanche d’août avec la joie des consécrations olympiques. Kaylia Nemour, gymnaste de 17 ans, a fait le bonheur de tout le pays en décrochant la médaille d’or du concours des barres asymétriques aux Jeux olympiques de Paris. Une victoire qui fera date dans l’histoire du sport algérien en étant symbolique à plus d’un titre.
En 1992, à Barcelone, c’est une femme, Hassiba Boulmerka, qui a offert à l’Algérie sa toute première médaille d’or olympique en remportant la finale du 1500 mètres. Elle était d’autant plus savoureuse qu’elle a été obtenue dans une conjoncture difficile, le pays étant déjà endeuillé par la violence terroriste.
Plus de trois décennies plus tard, c’est une autre femme qui vient mettre fin à 12 ans de disette algérienne au plus grand rendez-vous sportif mondial.
Entre-temps, Nouria Benida Merah, sur le 1500 mètres également, a triomphé aux Jeux de Sydney en 2000.
Un hommage à la femme algérienne
La moitié de la moisson algérienne aux JO, six médailles d’or, est l’œuvre de femmes. La boxeuse Imène Khelif pourrait donner plus de consistance dans quelques jours à la contribution du sport féminin au rayonnement du pays.
La médaille de Kaylia Nemour constitue d’abord un hommage à la femme Algérienne.
Cette médaille, inespérée avant que Kaylia n’opte pour les couleurs de son pays d’origine en mai 2023, se distingue de toutes les autres car elle a été arrachée dans une discipline jusque-là dominée par les grandes nations olympiques, la Chine, les États-Unis, la Russie et quelques pays d’Europe.
C’est la première fois qu’un pays du sud monte sur la plus haute marche du podium olympique en gymnastique. Bien entendu, cela n’aurait pas été possible si cette jeune fille de 17 ans, née et formée en France, n’était pas arrivée comme un cadeau tombé du ciel.
Avant même cette victoire, des voix se sont mises à jaser, en France évidemment, sur le changement de nationalité sportive de Kaylia Nemour. Certains médias de ce pays ont mal caché leur déception en insistant dans leurs écrits sur la formation française de la jeune athlète, voire en occultant carrément le pays qu’elle représente désormais.
Les symboles très forts de la victoire de l’Algérienne Kaylia Nemour aux JO
Ce qui nous amène à l’autre symbolique de sa victoire. Celle-ci est un autre exemple retentissant de ce que s’apportent ou peuvent s’apporter mutuellement l’Algérie et ses enfants expatriés.
Kaylia Nemour n’est pas la première et ne sera pas la dernière à mettre son savoir-faire acquis ailleurs au service du pays de ses origines. Avant elle, il y a eu d’illustres footballeurs qui ont fait ou font toujours le bonheur de l’équipe nationale.
Dans cet épisode, l’Algérie a aussi beaucoup apporté à Kaylia. S’il est vrai que le pays n’aurait jamais osé rêver d’une médaille olympique de gymnastique sans la gymnaste formée en France, le contraire est tout aussi juste. Sans sa double nationalité et sans la porte que l’Algérie lui a ouverte, Kaylia Nemour ne serait pas championne olympique, du moins pas maintenant.
« Ma place est avec l’Algérie »
La jeune athlète a été interdite de compétition par la fédération française pour une raison peu convaincante et c’est son pays, l’Algérie, qui lui a tendu la perche qui lui a permis de s’accrocher, de sauver sa carrière, de monter au sommet et de réaliser son rêve olympique. C’est tout le sens de l’appartenance à une nation, on la sert et on s’en sert.
Kaylia, sa mère et son entraîneur l’on dit plus d’une fois et l’ont réitéré après cette victoire olympique : sans l’Algérie, ce rêve n’aurait pas été possible.
« On a eu un soutien indescriptible (…) On a trouvé du soutien en Algérie, un peuple chaleureux et reconnaissant de ce que Kaylia avait fait. Je remercie ce que ce pays a fait pour qu’on puisse en arriver là aujourd’hui avec Kaylia », a réagi, reconnaissant, le coach Marc Chirilcenco.
Quant à Kaylia, elle a eu des mots qui se passent de tout commentaire ou interprétation.
« Je ne prendrai pas la décision de retourner pour la France. Ma place est avec l’Algérie. Je suis très, très fière et contente de représenter ce pays », a-t-elle dit, sans renier son vécu en France, se félicitant du « soutien des Français et des Algériens » à l’Arena de Bercy.
Ce dimanche 30 août, Kaylia Nemour est encore plus Algérienne qu’elle ne l’était. Elle a fait retentir l’hymne national aux jeux olympiques, de surcroît sur le sol français. Un autre symbole très fort.