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Macron chez Mohammed VI : une visite au rabais sur le dos du peuple sahraoui

La visite du président français au Maroc confirme que le rapprochement entre les deux pays après plusieurs années de brouille s’est fait sur le dos du peuple sahraoui et sous l’impulsion des lobbies français hostiles à l’Algérie.

Arrivé à Rabat lundi 28 octobre, Emmanuel Macron a apporté un appui encore plus appuyé à la colonisation du Sahara occidental. Il devra en revanche repartir les valises presque vides.

Devant les élus du Parlement marocain, Macron a réitéré ce mardi sa reconnaissance de la “souveraineté marocaine” sur le territoire occupé et son appui au plan d’automne, usant des mêmes termes par lesquels il a annoncé au roi Mohammed VI son revirement le 30 juillet dernier.

« Le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine” et “l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue et le plan d’autonomie de 2007 », a répété le président Français devant les députés marocains.

Macron est allé plus loin dans son appui en annonçant, « avec beaucoup de force », que son pays effectuera des investissements au Sahara occidental. « Nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales », a-t-il dit.

Emmanuel Macron a beau souligner dans son discours que cette nouvelle position de la France « n’est hostile à personne », il n’en reste pas moins que l’objectif de ceux qui lui ont mis la pression pour céder à Rabat l’ont fait pour le détourner de son entreprise d’ouvrir une nouvelle page avec l’Algérie.

Rapprochement France-Maroc : un marché de dupes ?  

Paris et Rabat étaient en grand froid lorsque l’entente était parfaite entre les présidents français et algérien. En août 2022, Emmanuel Macron a effectué une visite en Algérie qualifiée de « très réussi » et ponctuée par la signature de la Déclaration d’Alger « pour un partenariat renouvelé ».

Ce rapprochement franco-algérien n’était pas très apprécié en France par les nostalgiques de l’Algérie française et les lobbies pro-marocains qui mettront la pression sur le président Macron pour « rééquilibrer sa politique maghrébine », jusqu’à le faire céder fin juillet dernier.

Le président français a passé l’éponge sur toutes les offenses que lui ont faites le roi du Maroc et ses relais ces dernières années et a mis gravement en péril la relation franco-algérienne.

Pour des considérations de politique intérieure, étant sans majorité et sous l’épée de la droite et de l’extrême-droite depuis les législatives de l’été dernier, Macron a choisi le Maroc qui lui fait miroiter l’ouverture de son marché aux produits et aux investissements français et même de l’accompagner pour reprendre pied en Afrique où la France a perdu plusieurs de ses prés carrés ces dernières années.

Le deal franco-marocain ressemble toutefois à un marché de dupes.

D’abord, la reconnaissance de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental reste une annonce symbolique sans aucune valeur juridique.

Le territoire est considéré comme « non autonome » par les Nations-Unies, qui maintiennent le dossier au niveau de la commission de décolonisation. La récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords agricoles et de pêche entre le Maroc et l’UE est venue rappeler à tous que la « souveraineté » sur les territoires, ce ne sont pas les États qui la décrètent au profit d’autres.

Ensuite, les promesses d’investissement au Maroc et au Sahara occidental s’apparentent aussi à un mirage quand on sait les convictions que le président français a chevillées au corps sur cette question : Emmanuel Macron est un champion des relocalisations.

Enfin, quant au Maroc, ce n’est pas lui faire injure de dire qu’il n’a pas grand-chose à offrir. Englué dans une grave crise économique et sociale, le royaume n’est ni un marché de consommation ni un Eldorado pour les entreprises françaises en quête de gros marchés d’équipement ou de réalisation.

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