Chat échaudé craint l’eau froide. Mohamed VI a de nouveau tendu la main à l’Algérie, mais ses propos mielleux risquent d’être accueillis avec prudence, voire avec une certaine indifférence à Alger où, d’expérience, on sait que les belles paroles du roi du Maroc peuvent être suivies d’actes très hostiles.
« Je souligne une fois de plus que les frontières qui séparent le peuple marocain et le peuple algérien frères ne seront jamais des barrières empêchant leur interaction et leur entente », a déclaré Mohamed VI dans un discours prononcé samedi soir à l’occasion de la fête du Trône.
Et d’ajouter : « Notre souhait est que ces frontières se muent en passerelles permettant au Maroc et à l’Algérie d’accéder à un avenir meilleur et d’offrir un bel exemple de concorde aux autres peuples maghrébins ».
« J’exhorte les Marocains à préserver l’esprit de fraternité, de solidarité et de bon voisinage qui les anime à l’égard de nos frères algériens », a-t-il demandé. D’ailleurs, nous assurons ces derniers qu’en toute circonstance, le Maroc et les Marocains se tiendront toujours à leurs côtés », a-t-il ajouté.
Anticipant sans doute les accusations de dualité de langage, il impute, pour la première fois, les campagnes d’insultes contre l’Algérie et les Algériens à « des individus irresponsables » qui « s’évertuent à semer la zizanie entre les deux peuples frères ».
« Ces médisances sur les relations maroco-algériennes, poursuit le roi, sont totalement insensées et sincèrement consternantes. En ce qui nous concerne, jamais nous n’avons permis ni ne permettrons à quiconque de porter atteinte à nos frères et voisins. »
En 2021, un discours mielleux suivi d’actes hostiles
Pour la première fois aussi, il s’adresse directement à la présidence algérienne pour que « le Maroc et l’Algérie puissent travailler, main dans la main, à l’établissement de relations normales entre deux peuples frères, unis par l’Histoire, les attaches humaines et la communauté de destin », assurant de sa « ferme volonté de trouver une issue à la situation actuelle et de favoriser le rapprochement, la communication et la compréhension entre les deux peuples ».
Ce discours de Mohamed VI intervient dans un contexte encore plus tendu que celui qui a entouré son intervention il y a une année jour pour jour.
Aux « actes hostiles » et autres « provocations » du Maroc, l’Algérie a réagi par plusieurs mesures fermes, dont la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains et la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui la relie à l’Espagne et le Portugal via le Maroc.
Ces mesures ont suivi plusieurs « actes hostiles » qui ont eu lieu juste avant ou tout de suite après le fameux discours royal du 30 juillet 2021 dans lequel il avait également tendu la main à l’Algérie.
Le 14 juillet, le représentant du Maroc à l’ONU a appelé ouvertement à la partition de l’Algérie en évoquant le droit à l’autodétermination du « vaillant peuple kabyle » et, le 12 août, le ministre israélien des Affaires étrangères a menacé l’Algérie à partir du territoire marocain, lui reprochant un prétendu « rapprochement » avec l’Iran.
Le 1er novembre, date très symbolique pour l’Algérie, trois routiers algériens sont tués par l’aviation marocaine à la frontière entre la Mauritanie et le Sahara occidental.