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Makri revient sur sa rencontre avec Saïd Bouteflika

Makri revient sur sa rencontre avec Saïd Bouteflika

Visiblement agacé par les multiples critiques ayant ciblé son parti, particulièrement après sa récente sortie à Constantine où il a attaqué le courant « laïc extrémiste », le président du MSP est revenu ce vendredi sur la fameuse rencontre qu’il a eu avec Saïd Bouteflika, quelques mois seulement avant l’élection avortée d’avril 2019.

« Ce mouvement (MSP, ndlr) a fait ce qu’il a pu. Il n’est pas corrompu, a lutté contre la fraude, milité, négocié, dialogué… On a fait plusieurs initiatives, on a dialogué avec le pouvoir », a évoqué Abderazak Makri lors d’une rencontre régionale à Oran.

« On a rencontré Bouteflika, son frère, mais notre projet était de les faire partir. Ils nous ont dit : « demandez ce que vous voulez », on leur a répondu : « on n’a besoin de rien. Seulement la démocratie, un amendement de la constitution et une instance indépendante avant d’aller à des élections libres et transparentes (…) », a-t-il dit.

Il a ajouté avoir informé, après cette rencontre, d’autres personnalités politiques, comme pour suggérer que son entreprise n’avait rien de secret et qu’elle participait du souci de « faire ce qu’il n’a pas pu faire avec les autres partis ».

« Juste après, on a informés ceux avec qui nous avions l’habitude de discuter. Nous avions informé Ali Benflis, Mohcine Bellabes, Karim Tabbou, Mohamed Douibi, Benbaibeche et d’autres personnalités. Nous les avions informés des détails, on ne travaillait pas dans le secret », s’est-il défendu.

« On a informé de l’échec et on a combattu le 5e mandat », a ajouté Makri, qui a expliqué également les raisons de sa participation en tant que candidat à cette élection avortée et son refus d’entrer dans la compétition pour celle de décembre dernier.

« Certains nous ont interrogés pourquoi nous nous sommes présentés contre Bouteflika et pas lors de la dernière élection (…) On n’avait pas de choix car le projet qu’on avait proposé à Bouteflika et à son frère et dans lequel on a demandé à ce que l’armée soit associée (le document est chez eux, insiste-t-il) n’a pas été accepté. Ils nous ont dit que le projet n’est pas valable et qu’on ira au cinquième mandat. On a donc compris qu’il y a une lutte entre eux à l’intérieur du système (…) ».

« Ghediri était le candidat de l’État profond »

Trois projets étaient alors en compétition, selon lui. « Celui de l’État profond avec leur candidat, un ancien militaire », dit-il, dans une allusion à la candidature d’Ali Ghediri ; « Le projet de prolongation » et sa candidature à lui.

« On savait qu’il y avait une guerre entre eux et quand on est s’est rendu compte qu’il n’y avait aucun espoir et que le pays allait à la catastrophe, nous avions estimé qu’il fallait les affronter et mettre le peuple devant ses responsabilités », a poursuivi Makri.

Quant à son refus de participer au dernier scrutin, c’est pour lui « afin de donner la chance à la transition démocratique même si on a divergé avec certains ».

«Nous savions que la véritable chance de transition n’est pas dans l’élection elle-même. On connaît la nature du régime, l’axe du pouvoir et nous savons qu’ils n’accepteront jamais qu’un candidat de l’opposition soit président, quitte à entrainer le pays dans le chaos », a-t-il soutenu.

« Contre Bouteflika, c’était kamikaze. Mais pour celle de décembre, on a estimé que ce n’est pas un pari. On s’est dit qu’il s’il n’y avait pas de lutte autour, de confrontations comme en Égypte, il y’ avait de l’espoir ; elle peut ouvrir des perspectives de réformes et conduire à des législatives transparentes où en tant que parti on veut jouer un rôle ».

Abderrazak Makri a laissé entendre qu’un éventuel remake de 1991 aurait eu lieu si son parti y avait participé. « (…) On veut la sérénité pour le pays. Si on avait participé, on aurait créé un courant qui ferait peur et provoquerait une réaction qui serait préjudiciable au pays, à la démocratie et au parti. On n’a pas participé pour donner une chance aux réformes », a-t-il justifié.

D’ailleurs, il n’a pas manqué de mettre en garde contre un autre échec du changement. « Je dis à tout le monde (partis, pouvoir, peuple) s’il y’ un autre échec de cette chance de changement, ça sera une catastrophe ».

Il interpelle le pouvoir : «Ne le gâchez pas, évitez l’égoïsme idéologique », et met en garde également contre des « réformes biaisées » avant de considérer que « sans élections libres », il n’y a point de réformes.

Tout comme il met en garde les dirigeants actuels de se garder d’affaiblir son parti au risque de connaître un sort similaire à celui de Bouteflika. « Et si les nouveaux dirigeants poursuivent dans la même démarche (la fraude, ndlr) pour affaiblir le MSP et l’éloigner des premiers rôles quand le peuple les lui donnera, on leur dit : vous allez partir et le MSP restera car c’est un parti d’idées, de générations, constant et capable d’affronter toutes les menaces ».

« Personne ne nous fait peur »

Comme lors de son passage à Constantine, le président du MSP a estimé que son parti auquel « on veut barrer le chemin » était ciblé. Avant par la fraude électorale, particulièrement à Oran qui fut la citadelle « de Bouteflika et sa smalla » et d’autres coups fourrés, comme le « harcèlement de ses cadres » et aujourd’hui par certaines parties.

« Il y a trois catégories qui veulent casser les partis : le régime, car il est convaincu que c’est un danger pour lui » ; « le courant laïc extrémiste, celui qui fait de l’entrisme dans les institutions de l’État, chapeaute des médias de la presse écrite et des sites électroniques, a de l’influence dans les institutions, qui dispose de la finance, achète les consciences et le courant nationaliste » et la troisième « ceux qui veulent hériter le MSP ».

Makri a accusé aussi, implicitement, certains partis qui ont « négocié des quotas en 2012 ». Récusant de vouloir « casser le Hirak », le président du MSP a soutenu que celui-ci doit continuer « pour donner la chance à la réussite de la transition démocratique ».

Nouvelle charge contre « le courant laïc-extrémiste »

« On est dans le Hirak de la manière qu’on veut (…) On ne veut pas de division, mais le courant laïc extrémiste ne croit pas à la démocratie car il a peur de l’échec ».

«Ils (les éléments de ce courant, ndlr) sont minoritaires, proches des lobbies, utilisent la presse pour contraindre les dirigeants aux négociations », dit-il.

Et à ceux qui accusent son parti d’avoir trempé dans la corruption, il lance un défi. « Personne ne nous fait peur, personne ne peut nous acheter. On n’a pris ni prêt bancaire, ni lot de terrain, ni société. Que la gendarmerie, les services de sécurité, les renseignements fassent des enquêtes. On n’a jamais profité de l’État ».

Par ailleurs, Makri a qualifié de « traitres » ceux qui veulent, à ses yeux, « enterrer l’appel du 1er novembre ». « Ils veulent détruire cette référence, car pour eux l’islam est un problème. Pour eux, la langue arabe est un problème. Pour eux, la déclaration du 1er novembre est un problème. Que voulez-vous ? Effacer toute référence ? Au profit de qui vous faites ça ? Qui vous a délégué ? Qui vous a éduqué pour ça ? L’islam restera l’âme de ce pays, le ciment qui unit les Algériens et l’arabe la langue de ce pays, rassembleuse ; elle n’est pas en concurrence avec aucune autre langue. Toutes les langues et tous les dialectes sont « soudés » dans le cadre de l’union et de cette religion. Il ne doit pas y avoir de confrontation entre les langues. On doit être cohérent avec notre identité unie (…) ».

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