Des dizaines de milliers de musulmans se sont rassemblés dans la capitale malaisienne Kuala Lumpur samedi pour défendre des avantages acquis de longue date, alors que les tensions raciales s’intensifient dans ce pays aux multiples communautés.
Environ 55.000 personnes habillées de blanc, selon la police, ont afflué vers une place du centre historique de Kuala Lumpur, en chantant « Dieu est grand » ou brandissant des banderoles « Longue vie aux malais. »
Un dispositif de police important était déployé et les rues principales étaient fermées lors de la manifestation, le premier rassemblement d’ampleur depuis l’élection du premier ministre Mahathir Mohamad en mai qui a renversé un régime miné par les scandales.
Les questions raciales et religieuses sont sensibles en Malaisie, un pays qui abrite des communautés indienne et chinoise loin d’être négligeables. Et la majorité malaise s’inquiète d’un gouvernement davantage représentatif des minorités.
Le rassemblement avait initialement pour but de protester contre un plan du gouvernement de signer une convention de l’ONU destinée à mettre fin aux discriminations raciales.
Les autorités ont abandonné ce projet après l’opposition d’un partie conservatrice de la classe politique et des malais qui craignaient que ce traité ne remette en cause leur statut dans la société.
« Si l’Islam est inquiété, si notre communauté est inquiétée, si nos droits sont mis en cause, alors nous nous soulèverons, » a clamé le leader de l’opposition Ahmad Zahid Hamidi, dont le parti United Malays National Organisation (UMNO) a été évincé lors de l’élection de mai.
L’ex-premier ministre déchu Najib Razak, compromis dans le scandale financier du fonds 1MDB, était lui aussi présent
La police a précisé que la manifestation avait eu lieu dans le calme et que la foule s’était dispersée en fin d’après-midi.
Les malais, qui constituent 60% des 32 millions d’habitants, ont profité depuis des décennies d’avantages substantiels comme des aides financières et des facilités pour obtenir des postes de fonctionnaires.
Ces politiques de discrimination positive ont été mises en place après des émeutes entre les communautés malaisiennes et chinoises qui ont fait environ 200 morts en 1969.