La Banque d’Algérie a annoncé ce lundi que les réserves de change de l’Algérie se sont établies à 79,88 milliards de dollars à la fin du mois de décembre 2018, en baisse de 17,45 milliards de dollars par rapport à la même période l’année précédente lorsqu’elles s’étaient établies à 97,33 milliards de dollars à fin décembre 2017.
Le timing de l’annonce a de quoi interpeller, et pour cause : les données sur les réserves de change ont été annoncées ce lundi à la veille de l’Aïd el Fitr, à la fin du mois de Ramadhan, dans une période connue pour son calme relatif ayant presque mené à ce que l’information passe sous le radar, de manière inaperçue.
En outre, alors que les données des réserves de change concernent la période s’arrêtant au 31 décembre 2018, les chiffres ont été publiés ce lundi 3 juin soit plus de cinq mois après les faits. Par conséquent, le retard accusé par la publication de ces informations sur la situation financière de l’Algérie les rend ainsi de facto largement dépassées, et même obsolètes.
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Ainsi selon nos sources, les réserves de change à la fin du premier semestre 2019 devraient plutôt se situer à un niveau proche des 71 milliards de dollars. Une différence de 9 milliards qui permet de donner une image moins morose de la situation financière du pays.
Enfin, selon les mêmes sources, les résultats de la balance des paiements pour 2018 étaient prêts à être publiés depuis plus de deux mois. Ce serait le ministre des Finances, Mohamed Loukal, qui aurait préféré après son départ de la Banque d’Algérie en réserver la primeur au gouvernement Bedoui dans un exposé sur la situation financière du pays qu’il a délivré à l’occasion du conseil du gouvernement du 8 mai dernier.
Ces éléments permettent de prendre le pouls des avancées obtenues par la contestation populaire depuis son lancement le 22 février. Les manifestants, qui sont sortis par millions chaque semaine pour réclamer le « changement du système », auraient pu aspirer au minimum à voir l’actuel gouvernement faire des efforts dans la transparence et dans la prise de responsabilité vis-à-vis des citoyens.
Dans les faits, il n’en est rien. Le gouvernement Bedoui, conspué et appelé à maintes reprises par le peuple à la démission, semble bien satisfait à pérenniser les mêmes méthodes obscures et la traditionnelle opacité des dirigeants algériens dans la gestion du pays.
L’absence d’efforts par le gouvernement Bedoui à tenter de montrer patte blanche et faire les choses autrement lève le voile une nouvelle fois s’il en faut sur l’étendue du mépris des dirigeants pour les citoyens. Cette attitude des dirigeants montre surtout au peuple révolté le long chemin qu’il reste à parcourir avant de faire obtenir au mouvement de contestation des résultats concrets et tangibles, et l’encouragerait peut-être à intensifier la mobilisation pour éviter les efforts vains.