Logistique herculéenne, hooliganisme, ou encore menace terroriste: la Russie doit affronter de nombreux défis pour se préparer au Mondial-2018, événement sportif le plus important de la planète dont le tirage au sort aura lieu vendredi au Kremlin.
La double attribution controversée des Mondiaux-2018 et 2022 à la Russie et au Qatar par la Fifa n’avait pas lancé l’organisation du prestigieux tournoi sous les meilleurs auspices. Pour réussir son pari, la Russie de Vladimir Poutine a mis le paquet au niveau financier, quatre ans après les dérives budgétaires des JO de Sotchi.
Avec 11,5 milliards de dollars (environ 9,6 millions d’euros) consacrés à des stades flambants neufs et des infrastructures hôtelières de haute qualité, le pays a pris le risque de construire nombre “d’éléphants blancs”.
Le plus grand pays de la planète doit par ailleurs mettre sur pied une logistique proportionnelle aux 2500 kilomètres séparant Kaliningrad, ville-hôte située le plus à l’ouest, et Ekaterinbourg, ville de l’Oural, la plus orientale — soit la distance entre Paris et Moscou.
– ‘Fights’ et cris de singes –
La sécurité est un aspect tout aussi important dans un pays rongé par le hooliganisme — une culture profondément ancrée dans certains groupes “ultras” de clubs russes qui pratiquent les “fights” prémédités.
Les autorités russes, qui veulent éviter à tout prix les scènes surréalistes de combats ultra-violents vues à Marseille en marge d’Angleterre-Russie lors du dernier Euro en France, ont mis en place plusieurs mesures.
Outre la promulgation d’une loi prévoyant l’interdiction d’entrée en Russie aux hooligans étrangers et le placement sur une “liste noire” de certains leaders de groupes violents, un “passeport du supporter” (ou Fan-ID) sera mis en place pour vérifier le profil de chaque spectateur désirant assister à un match du Mondial.
Les instances dirigeantes du football russe vont devoir également gérer le problème endémique du racisme dans les enceintes sportives, dont sont victimes les joueurs étrangers évoluant dans le pays.
Le Brésilien Hulk avait confié avoir entendu des cris de singe “à presque chaque match” lors de son passage au Zenit Saint-Pétersbourg (2012-2016), tandis que le retraité ivoirien Yaya Touré, également victime d’incident de ce genre en 2013, a prévenu que “si des situations de racisme se produisent en Russie, cela va être un gros gâchis”.
– Crainte d’attentats et de fiasco sportif –
Touchée par plusieurs attentats au cours des derniers mois et ciblée par les jihadistes pour son engagement en Syrie, la Russie se prépare à mettre en place un quasi-régime d’exception face à la menace terroriste.
Un attentat à la bombe dans le métro de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) a fait seize morts en avril 2017, tandis que sept personnes ont été poignardées dans une attaque revendiquée par l’organisation Etat islamique à Sourgout (Sibérie) en août 2017.
Selon les services spéciaux (FSB), environ 2.900 jihadistes russes, en majorité originaires des instables républiques musulmanes du Caucase, ont combattu en Syrie. Il faut ajouter plusieurs milliers de combattants venus des pays d’Asie centrale, qui comptent une importante diaspora en Russie.
Quelques mois avant les JO d’hiver de Sotchi en 2014, des attentats à la bombe avaient fait 34 morts à Volgograd. Des caméras de surveillance “continueront à être installées” selon le maire de la ville-hôte située dans le sud de la Russie, tandis que des chiens renifleurs d’explosifs ont déjà été déployés dans chaque bus et train.
Pour terminer ce panorama pré-Mondial peu réjouissant, les Russes ont une confiance très mince dans les chances de succès de leur sélection. Depuis l’épopée de l’Euro-2008 (élimination en demi-finale contre l’Espagne, futur champion), les coéquipiers d’Igor Akinfeev ont en effet enchaîné les déconvenues.
“Bien sûr, j’espère que notre équipe nationale gagnera. J’ai vraiment hâte d’y être”, avait déclaré M. Poutine au moment de l’attribution du Mondial. Il reste encore beaucoup de travail…