Les grands journaux français consacrent, ce samedi 2 mars, leur Une aux grandioses manifestations contre le cinquième mandat qui se sont déroulées hier vendredi, à travers toute l’Algérie.
« Les Algériens défilent en masse contre Bouteflika », écrit Le Figaro en Une. « A travers tout le pays, des foules se sont rassemblées pour dire non à un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika », relate la correspondante à Alger du grand journal conservateur qui consacre une page entière à l’événement, évoquant une « protestation inédite ».
Le journal consacre à un autre sujet à l’hospitalisation du président Bouteflika à Genève qui dure depuis dimanche dernier. « En officialisant sa candidature à sa propre réélection, Bouteflika a reconnu pour la première fois ses ‘’ennuis de santé’’. Mais le flou entourant son hospitalisation en Suisse a cette semaine nourri les rumeurs les plus folles en Algérie », écrit Le Figaro.
« L’élan algérien » : Libération consacre toute sa Une à l’Algérie. « Le Abdelaziz Bouteflika, un pouvoir grabataire mais pas à terre », écrit notamment le journal qui relate l’événement sur six pages. Libération évoque aussi cette jeunesse algérienne « assoiffée de justice sociale ».
« Il faut beaucoup de temps pour surmonter les traumatismes de la guerre, surtout quand il s’agit d’une guerre civile », écrit le directeur du journal Laurent Joffrin dans son éditorial. « Bouteflika était le paravent d’une junte éternelle et largement anonyme qui délègue à la présidence celui qui est le mieux à même de maintenir le statu-quo. Le tout avec l’assentiment des grandes puissances qui préfèrent, elles aussi, une mauvaise solution à une solution pire, angoissée à l’idée d’avoir un jour à affronter un régime islamiste installé face à Marseille. Mais les traumatismes, aussi cruels soient-ils, ont une fin », ajoute-t-il. « Ce peuple plein d’énergie, d’espoir, d’idéal mérite mieux que la ridicule hégémonie d’un pouvoir caché derrière un président irréel , sorte d’Ubu invisible et impotent », écrit encore Laurent Joffrin. Avant de conclure : « La sagesse voudrait que ‘’Boutef’’ passe la main et laisse se dérouler une élection pacifique, quitte à adouber un autre candidat ».
Le pouvoir sera-t-il « sage » ? On aura un début de réponse ce dimanche au plus tard, avec la décision concernant la candidature du chef de l’État. Pour Le Parisien, grand quotidien populaire, c’est « Le week-end où tout peut basculer ».
Le journal s’interroge également sur l’attitude du président français Emmanuel Macron et plus globalement sur la politique française à l’égard du pouvoir algérien. « A l’heure où s’annonce la fin du règne, la France pourrait être comptable de cette trop grande proximité avec le vieux président », écrit Marie-Christine Tabet dans un éditorial.