Le gouvernement n’a toujours pas réagi aux manifestations des Algériens sortis ce vendredi 22 février par milliers à travers le territoire national, pour dire non au 5e mandat.
Aucun communiqué officiel, ni intervention de quelque responsable à quelque niveau que ce soit n’ont été enregistrés jusqu’à vendredi en début de soirée.
Dans des pays à tradition démocratique et même les plus fermés, des manifestations d’une telle ampleur donnent souvent lieu à des réactions et à des prises de position des responsables.
Signe évident de l’embarras : l’agence officielle, les télévisions d’État, les radios publiques ainsi que beaucoup de télévisions privées ont passé sous silence ces manifestations.
Tout se passe comme si la situation était ordinaire. Les partis de l’alliance présidentielle, dont notamment le FLN, le RND et autres, TAJ et le MPA se sont murés dans un silence assourdissant. C’est à croire qu’ils semblent avoir été pris de court par cette démonstration de force populaire dans plusieurs endroits du pays.
Il faut dire que jusqu’à jeudi, les partisans du cinquième mandat continuaient à mettre le cap sur le prochain rendez-vous électoral. Le directeur de campagne de Bouteflika, l’ex-premier ministre, Abdelmalek Sellal a ainsi installé les directeurs de campagnes des wilayas les invitant à « éviter les polémiques ».
La veille, le parti d’Ahmed Ouyahia invitait ses partisans, ses militants et autres sympathisants à se mobiliser pour le triomphe de la candidature de Bouteflika et à investir la toile pour contrecarrer les partisans du rejet du cinquième mandat.
Les mosquées n’étaient pas en reste puisque les imams ont été instruits pour consacrer le prêche de ce vendredi à la sensibilisation des fidèles contre « les dérapages pouvant découler d’éventuelles manifestations ».
À cela s’ajoutent les mises en garde, durant toute la semaine écoulée, contre « les tentatives de déstabilisation ». Résultat des courses : les réseaux sociaux ont eu finalement raison des plus pessimistes, des médias et soutiens du régime.
Et des milliers d’Algériens ont répondu aux appels anonymes lancés sur la toile et relayés par des partis de l’opposition et autres acteurs de la société civile.
Que feront maintenant les autorités ? Vont-elles tirer les leçons de cette démonstration de force ou vont-elles, comme souvent, jouer la montre, le temps que passe le vent de colère ?
À voir la mobilisation de ce vendredi, les autorités, qui auront désormais de lapine à “vendre” la candidature de Bouteflika, sont assurément sommées de revoir leurs calculs. Et un premier indice semble être l’attitude des services de sécurité qui n’ont pas recouru à la force pour disperser les manifestants, sauf aux alentours de la Présidence, où les policiers fortement déployés, ont tiré aux gaz lacrymogènes, pour empêcher les marcheurs d’atteindre le Palais présidentiel. S’il y a eu un avant 22 février, il y aura certainement un après 22 février. De grands développements sont à attendre.