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Manifestations monstres à travers toute l’Algérie : les premières leçons d’une journée historique

Manifestations monstres à travers toute l’Algérie : les premières leçons d’une journée historique

Contrairement à celui des marches du 22 février, qui n’étaient pas attendues, le succès des manifestations de ce vendredi 1er mars était prévisible.  Mais toutes les espérances ont été dépassées.

Les plus optimistes ne s’attendaient sans doute pas à voir plusieurs boulevards d’Alger noirs de monde, simultanément. C’est du jamais vu. À 14h30, soit au tout début des marches, la rue Hassiba-Benbouali, l’une des plus longues d’Alger, la rue Didouche-Mourad et tous les environs de la Grand-poste étaient déjà pris d’assaut par des dizaines, peut-être des centaines de milliers de citoyens.

Lorsque les premiers manifestants arrivent à hauteur de l’école des Beaux-arts, à environ deux kilomètres du siège de la Présidence de la République, les rues du centre d’Alger étaient toujours noires de monde. On parlera sans doute de millions d’Algériens sortis dans la rue en cette journée historique et ce ne sera guère exagéré.

Car au même moment, des images tout aussi impressionnantes arrivaient de toutes les villes du pays. Oran, Annaba, Sidi Bel-Abbès, Tizi Ouzou, Bouira, Constantine,  Tiaret…

Partout, c’est le même constat : les marches de ce 1er mars sont plus imposantes, beaucoup plus imposantes que celles du 22 février qui avaient déjà émerveillé l’Algérie et le monde.

Premier enseignement à tirer donc de cette journée : la mobilisation a été au rendez-vous. Il faut relever aussi que toutes les franges de la société étaient au rendez-vous. Toutes les générations, toutes les corporations, toutes les couches. Hommes, femmes, enfants, moudjahidine, chômeurs, et hommes d’affaires sont tous sortis dire non à la présidence à vie et demander un changement pacifique. Non à Bouteflika et non au système.

Issad Rebrab, premier investisseur privé, et Djamila Bouhired, icône de la Guerre de libération, ont marché en simples citoyens. Même les femmes au foyer qui ne sont pas descendues dans la rue pour une raison ou une autre, ont participé aux marches à leur manière. En lançant des youyous stridents à partir des balcons, en brandissant l’emblème national et en balançant des bouteilles d’eau aux manifestants. Un rendez-vous historique, personne ne souhaite le manquer et ça se comprend.

C’est aussi avec satisfaction que d’aucuns ont relevé que le caractère pacifique de la contestation a été maintenu. Tout ce monde dans la rue en même temps et pas un seul incident majeur. Du jamais vu aussi. Même lorsque la police a tenté de bloquer la procession au niveau du tunnel des facultés, à la place Audin, en usant de bombes lacrymogènes, la foule n’a pas paniqué et, surtout, n’a pas réagi par la violence. Impressionnant. Du moins jusqu’au moment où nous rédigions ces lignes, aucun incident majeur n’a été signalé dans les autres villes où les citoyens battaient le pavé.

Deuxième leçon : les Algériens sont décidés à faire aboutir leurs revendications pacifiquement, quoi qu’il arrive. L’optimisme ambiant s’en trouve renforcé. Si les choses n’ont pas dégénéré ce vendredi, si autant de monde a marché dans le calme, il en sera ainsi dans les prochains jours et semaines. Les manifestants ont répondu de la plus civilisée des manières à ceux qui, la veille encore, brandissaient l’épouvantail du chaos et du retour aux années de braise. « En Syrie aussi ça avait commencé avec des roses… », avait déclaré le Premier ministre Ahmed Ouyahia jeudi devant les députés. Ouyahia justement a été la personnalité la plus citée, après Bouteflika bien sûr, par les manifestants. « Ouyahia, l’Algérie n’est pas la Syrie », a-t-on scandé, entre autres slogans.

On ne peut aussi ne pas retenir cette incroyable maturité politique montrée par les manifestants. Tout au long des marches de ce vendredi 1er mars, les jeunes ont tenu à préserver le caractère non partisan de leur mouvement.

Dans la semaine, beaucoup de partis politiques avaient tenté de « prendre le train en marche ». Certains se sont contentés d’annoncer qu’ils marcheraient vendredi en simples citoyens, mais d’autres ont lancé des appels à manifester, certains qu’ils étaient du succès de la mobilisation. Cela n’a pas été du goût des marcheurs et ils l’ont fait savoir.

Le candidat à la candidature Rachid Nekkaz, qui est pourtant accueilli par des marées humaines partout où il passe, a appris à ses dépens que la seule chose qui lui est permise dans ce genre d’événement c’est de se fondre dans la foule.

Sa tentative de s’adresser, à partir du balcon de sa permanence à Alger-centre, aux manifestants a donné lieu à une colère saine de ces derniers. Une autre belle petite leçon de ces jeunes qui n’en finissent pas d’impressionner.

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